3ème jour pour le Generiq Festival et deuxième soirée pour nous de cette édition 2019. Direction la petite nef nichée au pied du Lion, la fameuse Poudrière de Belfort.
Hubert Lenoir (CA)- 21h00
Ah, Ah, Sacré Hubert’ !
Artiste multi-nominé et récompensé dans sa province d’origine, le jeune Hubert Lenoir est un auteur-compositeur et multi-instrumentiste dont les prestations et les apparitions du côté du Québec ont déjà eu l’occasion de lui tailler une réputation sulfureuse. Tel un personnage d’un bon Xavier Dolan, Hubert se présente cet hiver aux français dans un format cabaret punk à tendances glam’ et nous chamboule sans demander notre consentement.
Une prestation sauvage, s’offrant des intermèdes de débauches sonores et visuelles (on est bien loin du spectacle télévisuel « La voix », la version québécoise de The Voice). Lui et sa fanfare de joyeux lurons ont alternés les style durant près de 45 minutes. Entre ballades sur inspirations de « T-Rex » ou de néo-punk sexué et saxophilien à tendances noisy. On en a eu pour notre argent et pour notre spectre sonore pour le coup !
Une toile de fond Punk sous la logotype « Darlène » le nom de l’album du jeune frisé. Le québecois se transformera jusqu’à la fin de son set en une bête sauvage, un performeur punk non genré. Celui-ci balancera sa veste et quelques bières dans le public dont une viendra arroser copieusement son propre stand de merch’, imbibant au passage les sympathiques pulls à la fleur de lys québécois amenés pour l’occasion (valeur+1). Pour faire une petite ronde et s’installer un instant sur le tout nouveau bar de la Poudrière (dieu qu’il est beau <3) pour se servir, arroser son public et mimer plus tard sur scène, les pleurs du colosse.
Un côté Iggy, un autre côté plus Pop et un côté Queen, la diva de ce soir a attiré tous les regards. Hubert ou plutôt Alexis de son prénom de moldu, est incontestablement une petite étoile noire filante de la scène francophone et qui commence à se placer en France. Un personnage multiple, théâtrale et dont on recroisera la route encore dans les festivals de province ce printemps et à la fin de cet été. Une musique comme un show potentiellement clivant mais qui mérite d’y poser plus qu’une, deux oreilles attentives.
MNNQNS (FR) – 22h15
Consonnes, Wall Street English Institute et Fender
Après une pause au bar (Mazeltof l’inauguration par Hubert), on retrouve avec plaisir le jeune groupe Rennais MNNQNS (à prononcer « Mannequins », à l’anglaise). Le quatuor chantant dans la langue de Shakespeare sonne aussi fortement comme un high-school band qui aurait pu naître post-bac dans les bas-fonds de Leeds ou de Bristol. Lauréats du prix Ricard Music Live en 2018 et successeurs des non moins talentueux garçons de Lysistrata, les mannequins ont sorti quelques semaines plutôt l’excellent EP Advertisement. Percutant, vif et pas loin d’être tubesque, le disque gage du bon pour la suite des évènements.
Sur le papier, difficile de succéder à la sensation canadienne qui était finalement la figure la plus attendue de la soirée et qui est étrangement passé en premier ce soir (on l’attendait en clôture). Mais le jeune quatuor propose un tout autre menu que le fringuant Hubert. MNNQNS a dénoté un certains talent pour composer des bons petits titres Rock à la mode des Strokes et à la sauce anglaise sans avoir à mettre de côté les lignes mélodiques. Ils ont prouvé ce soir qu’ils savaient aussi les dé-construire pour le meilleur. L’épreuve du disque est réussie, le concert de ce soir nous prouvera qu’ils maitrisent aussi la scène.
Les rennais ont pris à bras levé le challenge et ont enchaîné les tracks avec une vigueur noise et des rythmiques bien cadencées. Le son était puissant, nerveux sans pour autant bouffer les chicots et la mélodies. Toujours plus sauvage, toujours plus Noise, MNNQNS a livré une prestation plus maitrisée et plus naturelle sans qu’aucune redondance de style ne s’installe entre leurs morceaux, ce qui transparaissait déjà sur le prometteur EP se retrouve sur scène et préfigure d’un éventuel albums des plus attendus. Reléguant presque leur Single If Only they Could en arrière, sonnant presque trop propre, trop dansant par rapport au set ! Avec une superbe outro pour Tiger On A Leash, on aurait pu rester 10 minutes comme en boucle. Gros coup de cœur à revoir très rapidement… à Belfort cet été ?
BODEGA (USA) 23h30
The Endless Scroll VI – Brooklyn
Il se fait tard et la soirée se termine avec les américains de Bodega. Qui devront succéder à deux gros shows. Le quintet reprendra le flambeau après de longues minutes d’attentes pour proposer le set idéale du fin de soirée, quelques verres plus tard, le plus dansant.
Dès leur arrivée sur scène, le groupe suinte l’odeur si particulière de scène arty de Brooklyn. Le Set démarre avec les échos robotiques de l’introduction de l’album Endless Scroll. Après des premières chansons un poil ternes et le passage du hit wavy « Jack In Titanic » le groupe passera la deuxième et on rentrera enfin sous le soleil bleu de Bodega.
Sur scène, il se dégage rapidement une chaleur plus magnétique que l’aspect Post-Punk stricto-sensu, presque binaire de certains titres à l’écoute du disque. Animés avec passion par les salves saccadées des rythmiques des guitaristes et des trombes de percussions. La réussite de Bodega tient dans sa capacité à délivrer sur scène une efficacité déconcertante de « déjà vu » avec une réinterprétation aussi froide dans l’aspect qu’elle ne l’est avec le son qui sort des enceintes. Un son en tension, carré et en même temps décomplexé avec un élastique de cocottes funks qui viennent casser les codes.
Mention particulière au guitariste/soliste. Une sorte de géant des flandres avec le déhanché et la mâchoire à Josh Homme et l’apparence Parker Lewis (ne perds jamais) !Une belle percée dans le mix et un boogie impeccable. le groupe s’apparente comme le chaînon manquant entre le style Brooklyn récent incarné par les excellents Parquet Courts et les légendaires B’52’s (qui ont vient de l’apprendre tournent cet été d’ailleurs) et qui se serait inspiré des prestations scéniques de LCD Soundsystem. Oui le name-dropping est conséquent, mais les références sont élogieuses et le melting-pot fonctionne. Bodega est typiquement le groupe que l’on attendait pas/plus que ça mais qui nous a bien fait kiffé en fin de soirée ! A retrouver cet été pour décomplexer de danser sur du « Punk ».