LiveReport : Incubus / Munich / 01.09.18

Rencontre avec ses héros du Lycée

L’attente d’un fan

Je n’ai aucune honte à l’admettre, Incubus est peut être mon groupe préféré ! En grandissant on a souvent tendance à légèrement altérer ses goûts musicaux, à adopter sa sensibilité à de nouveaux styles et par conséquent à venir renier parfois certains héros de notre adolescence. (On vous regarde droit dans les yeux vous qui aviez des patchs LP, System, Limp Bizkit ou Nirvana !)

Pour ma part j’ai découvert Incubus sur le tard, au début du lycée soit vers la fin des années 2000′ et depuis leurs musiques m’a toujours accompagné sans que je ne m’en lasse bien au contraire. (Grand seigneur, je leur pardonne le If not now when. En 2018 tout le monde à droit à l’erreur, droit inaliénable même!)

Incubus est un groupe de rock californien, originaire de Calabasas  et fondé en 1991 par 4 amis d’enfance, dont 3 sont toujours en activité au sein du groupe. Brandon Boyd (chant) , Mike Einziger (Guitare) et José Pasillas (batterie). Ce sont greffés par la suite Ben Kenney (Basse) venu remplacer le bassiste d’origine Alex Katunich et Chris Kilmore derrière les platines.

Le style au début du groupe sonne résolument « fusion » (Fungus Amongus 1995) , légèrement différents du style phare à cette période de fin des années 90  (fin du grunge, émergence du nu-méta et des groupes comme Deftones, SOAD, Snot ) avant d’évoluer vers un rock plus énergique, psychédélique mélangeant techno et métal alternatif (le fameux SCIENCE de 1997). Le groupe a connu enfin le « succès » avec leur album suivant (Make Yourself 1999), plus lourd orienté nu-metal et qui contient des singles qui se classeront en tête des charts du Bilboard comme Drive, Pardon Me ou encore Stellar. Suivront (Morning View en 2001) , (A Crow Left The Murder en 2004) et (Light Grenade en 2006) qui seront moins heavy, plus rock voir pop.

Il s’écoulera ensuite sept ans avant leur septième album studio, le très critiqué (If Not Now When? 2013) avec son style « musique d’ascenseur » (désolé ?, pas désolé!). Et enfin leur dernièr album en date sortie l’année dernière (8), oui oui 8 comme huit, pas le symbole de l’infini retourné (laissons ce cliché sur patte aux Foo Fighters en perdition et à un tatouage sans âme pour influenceuse instagram). Sur ce nouvel opus, le groupe renoue avec un rock un peu plus dansant mais loin (à mon goût) du charme des premiers opus.

Du fait de leur pause (ou « hiatus ») et de leur faible notoriété en Europe en comparaison aux US (la dernière vrai tournée européenne remonte à 2012, puis quelques dates en 2015 lors de la sortie de l’EP Trust Fall), j’ai du attendre près de onze ans avant d’avoir la possibilité de les voir. (Une période  d’abstinence involontaire qui m’aurait permis de voir en France au moins une centaine de fois des groupes comme Shaka Ponk ! Ou pas). De facto, l’annonce fin mars dernier d’une vingtaine de dates en Europe mettra fin à cette (interminable). Après avoir lorgné sur Paris puis Cologne, c’est finalement vers la Bavière que j’ai pris direction pour le concert du samedi 1er septembre à la Tonhalle qui de part la relative faible capacité de la salle affiche complet. Ce qui ne sera pas le cas de l’ensemble des salles de cette tournée. Qu’on se le dise, Incubus ne bénéficie pas d’un public aussi large en Europe qu’outre Atlantique.

La TonHalle de Munich

Un petit mot sur la salle, elle est situé au sud-est de Munich, dans une partie reculée de la ville, entourée d’immeubles en construction. Elle fait partie d’un ensemble d’anciens bâtiments de stockage agricole reconvertie depuis 2003 en Kultfabrik regroupant des bars, une boite de nuit, une salle polyvalente et donc … une salle de concert inauguré en 2004, notre TonHalle. Bien que récente la salle n’est que la 3ème, en terme de capacité de la ville avec une capacité d’accueil d’environ 2200 personnes. A l’intérieur, celle-ci se révèle relativement étroite et par conséquent, la scène est un poil petite. Comme un long tunnel cerclé d’armatures où y sont fixé quelques projecteurs. Au fond deux escaliers permettent d’accéder à une mezzanine, sympa ! Enfin bref, passons au plateau de ce soir !

Première Partie : Ecca Vandal (20h30 -21h15)

Arrivé sur les coups de 20h00 pétante après quelques sueurs froides causées par le sytème de contrôle des billets un tantinet foireux, nous voilà devant la scène. Une demi heure d’attente avant de voir la première partie du soir : Ecca Vandal.

Venu à l’aveuglette sans connaître l’artiste, un rapide coup de Google m’informa que la formation tout droit venue du pays des kangourous (le monde de l’envers donc) propose un petit menu de pop-punk bien vitaminé. Emmené par la chanteuse d’origine Sri-lankaise, Ecca Vandal. Ok, le titre se tiens.

Les lumières tamisés s’éteignent, les spots (par défaut) bleu-rose-vert éclairent la scène, les quatre membres du groupe débarquent sur de timides applaudissements. La chanson End of Time démarre le show. La chanteuse, très remuante sur scène, cherchera de suite à emmener le public avec elle. Dans un premier temps peu réceptif, au fur et à mesure des chansons on se laisse doucement convaincre et emmener par la prestation plutôt sympathique et dynamique que proposent les aussies. Le bon flow et le tempo invitant volontiers à secouer la tête en rythme.

J’ai trouvé le groupe intéressant. Le batteur alterne en continue son jeux sur deux set (électronique et tradi’). Le bassiste/claviériste était lui aussi au point techniquement en envoyant un bon groove et réussissant lui aussi à jongler entre ses instruments durant les tracks. Un bel habillage et une mobilité scénique qui accentue la bonne dynamique. Une pensée particulière cependant pour le pauvre guitariste/choriste qui passa les trois-quarts du concerts un problème de micro guitare, l’obligeant à se retourner en vain vers son ampli puis pendant de longues minutes vers son ingé’ son et roadie. Il du attendre six chansons pour que le bassiste lui balance un jack qui fonctionne…  Il pu finalement s’exprimer sur les deux dernières chansons (en en faisant un peu trop du coup dans l’optique de se rattraper). Bon guitariste nonobstant, le monsieur sait faire, par contre le chant le micro aurais pu rester éteint…

Quant à la leader Ecca Vandal elle envoie le bois ! Question vocals celle-ci évolue dans un style hip-hop/punk plaisant, elle maîtrise parfaitement les parties en « Screamer » et les mélodies chantées. Ecca dégage une réel prestance scénique en arrivant à garder l’audience avec elle et ceci malgré la horde de têtes venus exclusivement pour les si rares Incubus. Le set se clôturera par un discours de celle-ci, orienté politique et humanitaire (qui en doutait ?) en soutient aux réfugiés, nous invitant à les soutenir et à les accueillir, confirmant l’aspect social de la musique d’Ecca que l’on avait pu déceler à l’écouter des premières chansons. Le groupe se retire sous des applaudissement largement plus nourris qu’au démarrage, cette bonne prestation leur à faire gagner à coup sûr quelques fan ce soir là. Mission réussi, la salle est bien chauffée.

Un groupe à « en devenir » dans le style et la forme qui me fait penser à Paramore (à ses débuts) ou encore Marmozets (à ses débuts également….à vous de juger sur les récentes réalisations de ces deux groupes). Je me prendrais le temps volontiers d’écouter le disque sur la platine.

Incubus (21h35 – 23h15)

La salle se rallume. Le temps pour les roadies de remballer le matos d’Ecca Vendal et de débâcher, connecter et régler les instruments du groupe. La salle s’éteint d’un coup, les roadies quittent la scène. Des ombres montent par la partie arrière gauche sur scène, le public commence a crier, et lever les bras en l’air, les voila enfin avec 3 minutes de retard (je chipote). Sur la scène trois grands écrans garnissent le fond commencent à inonder de lumière le long tunnel munichois. 

Sans quelconque introduction, une fois derrière leur instruments respectifs, Mike Einziger gratte les premières notes de la chanson d’ouverture (Privilège) puis ses comparses, comme un seul homme, le rejoigne. Brandon Boyd entame la chanson avec beaucoup de reverb dans le micro. En ce début de set ils ne sont pas totalement calés mais le son reste correct. Une fois le premier refrain bouclé, ils sont enfin en harmonie. La foule bouge dans tous les sens, plusieurs petites malignes essaie de se faufiler vers l’avant, les bières tanguent dangereusement vers le sol. Le spectacle est désormais sur les rails. Avant que la chanson ne se termine normalement, le groupe y insert un subtil sample de Panjabi MC – Mundian To Bach Ke avec Brandon Boyd aux percussions. Le dernier couplet passé, le chanteur remercie le public d’un petit (mais vraiment petit) « danke » du bout des lèvres.

Deuxième chanson , je suis comme un fou (c’est ma  préféré !) , les premières notes Anna Molly font hurler la salle. J’essaie de sortir mon téléphone pour filmer la première partie de la chanson afin de m’en garder un souvenir inutile (l’honnêteté me tuera) , mais ça pogotte sévère, impossible de filmer correctement et puis j’ai moyennement l’envie de voir mon téléphone se retrouver sous un bottine allemande (qui le voudrait ?) . Tant pis, je me contente de pogotter tel un gentleman avec des jeunes tchèques semblant apprécier autant que moi le moment. Je suis plutôt satisfait du rendu musical live de celle-ci au passage. Pas d’accro, vraiment proche de la version CD. Ca sera également le cas pour la suivante, dans la même veine niveau notoriété (Mégalomaniac). La salle connais les paroles par coeur, on est vraiment entre fan du groupe. Après une entrée en matière de trois chanson phare de leur répertoire, la salle est chauffée à blanc et moi je suis déjà en sueurs… Un rapide coup d’oeil pour savoir si mon accompagnateur et non initié à Incubus tient le coup, ça a l’air d’aller. Il ne s’attendait pas à être autant bousculé mais il semble également apprécier le début de ce concert.

Photo by Aloysius Lim | Upsurge Productions

Suite du périple avec la chanson (A Kiss to Send Us Off) présente sur l’album Light Grenade , un choix étonnant puisque la chanson n’est pas un single du groupe ; d’autant plus qu’elle met en évidence quelques faiblesse dans la voix du chanteur (celui ci était malade quelques jours avant , les contraignants à annuler la date d’Utrecht) . Une faiblesse palpable notamment dans les couplets. La suivante est State Of the Art, un de leur dernier single en date. N’étant pas fan,  je doit reconnaître cela dit qu’en live le tracks se révèle plutôt intéressante, plus pêchue que son pendant numérique. Petite pause avant d’enchaîner, Brandon nous remercie a nouveau brièvement pendant que Mike change d’accordage. Suive alors deux chansons de l’album Morning View (mon préféré du groupe!) avec Circles la foule continue de remuer dans tous les sens avant de freiner le rythme sur la suivante, Echo,  du au tempo lent de la chanson, qui est  dont l’interprétation ce soir est au top !

Brandon Boyd fait tomber la chemise (ou plutôt le t-shirt) et les jeunes filles (plus vraiment) en fleurs crient de joie à la vue du torse ruisselant du long chevelu. Le concert se poursuit quasiment sans interruptions avec un autre de leur tube (Pardon Me) sur lequel (à ma surprise) le souffle du chanteur tient plutôt bien sur les parties techniques. Il n’hésite pas à faire participer la foule sur le refrain. Viens ensuite (Sick Sad Little World) deuxième morceau après Megalomaniac de l’album A crow left of the Murder. Rien d’autre à rajouter, ces morceaux sont interprétés depuis quinze ans par le groupe et sont bien évidemment totalement maîtrisés. La chanson suivante sera (No Fun) , la foule se calme à nouveau légèrement malgré les envolés lyrique de Brandon dans les refrains.

Après ce passage par 2017, retour en 2006 avec un autre single du groupe que semblent visiblement apprécier les fans germaniques du quintette à la vue des réactions. A l’écoute des premières notes de guitare (Love Hurt), le refrain est repris à l’unisson par le public. Dommage, je trouve décidément qu’il y a encore trop de reverb dans les vocals, cette voix ré-haussée résonne mal durant le refrain. A peu près au milieu du concert (déjà!) le groupe nous propose (Absolution Calling) présent sur leur EP Trust Fall, et qui est dans la même lignée que (Love Hurt), de belles et gentilles balades pop-rock. Sans transitions, le groupe enchaîne direct à la fin du morceau avec une reprise de Chris Isaak avec son culte et langoureux Wicked Game. Une reprise étonnante  mais plutôt soignée avec le bassiste Ben Kenney pour en assurer les chœurs.

Changement d’ambiance, on rallume la guitare avec la chanson suivante, leur dernier single en date (Glitter Bomb) qui ,à ma surprise, est relativement bien repris par le publique. Courte pause, Brandon demande d’allumer la salle brièvement pour voir à quoi ressemble son audience bavaroise et en profite pour une fois de plus nous dire merci (il ne diras que sa de toute la soirée…).  Retour à une ambiance plus calme avec le 3ème puis 4ème extrait de Morning View avec le très lounge (Are you In?) et son refrain fredonné encore par la foule. L’autre, un de leur plus gros succès (Wish You Were Here) qui sera lui aussi joué sans fausses notes notables et qu’ils clôtureront en reprenant la chanson éponyme des Pink Floyd. Le groupe, une fois le morceau terminé, quitte alors la scène avant le rappel, laissant leurs roadies préparer la suite.

Le public semble plus que satisfait de la prestation des californiens (moi de même) et en redemande. Le groupe revient alors sous les vivas de la foule. Mike s’installe derrière un petit synthé’, c’est partie pour la chanson (Here in My Room), une magnifique balade au piano/voix très bien interprétée par les 2 comparses. On bazarde le piano et on rend à Mike sa précieuse guitare (qu’il conservera durant l’ensemble du concert , sauf sur cette parenthèse) avec laquelle il pince les premières notes de l’avant dernière chanson du soir. (Drive) qui elle aussi sera reprise et joyeusement massacrée par le public sur le refrain, Brandon Boyd nous mettant encore une fois à contribution. Petit pic à l’encontre du guitariste , l’excellent Mike Einziger (qui a dernièrement tourné avec Hans Zimmer en tant que guitariste rythmique, excusez du peu !). Irréprochable ce soir là mais qui ne changera pas de guitare durant tout le concert, se contentant de jouer avec son parterre de pédales à effets. De mon point de vue, j’aurais préféré une version guitare acoustique de Drive (comme la version originale le suppose). 

Le concert touche à sa fin. Il est l’heure d’accueillir la dernière chanson du set  avant de se dire « auf wider sehen ». Le choix du groupe sur cette tournée se porte sur A Crow Left of The Murder, morceau éponyme de l’album dont il est tiré. Très énergique, la salle fini le concert en un joyeux bordel avec un circle-pit totalement décousu. La chanson finie, le groupe salue bras dessus, bras dessous son public du soir qui l’applaudit longuement avant de disparaître définitivement dans les coulisses.

Le Bilan :

Le fan en moi en redemande ! J’ai adoré le concert qui était clairement au point musicalement, , tant au niveau du son, que du mixage .(Si on omet quelques faiblesses dans la voix du chanteur…). Contrat et attentes remplis pour ma part. Niveau visuel, les jeux de lumières et les animations proposés sur les écrans étaient en adéquation avec les thèmes et les tracks dont elles s’inspirent. Sans être un truc de dingue ni révolutionnaire pour un sous, c’était efficace et cela apporta un vrai support graphique intéressant au show.

Quelques petits bémols ; Une setlist un poil courte quand on connaît la discographie du groupe. Il aura manqué 2 ou 3 chansons pour que cela soit parfait. Même si les cover sont de qualités, je reste assez réservé concernant l’intérêt de celles-ci. Un kiff pour eux n’en doutons point cependant. Pour finir, mais cela reste vraiment question de goût, j’ai trouvé le groupe très en retrait avec le public ; Un manque d’interactions entre les chansons. D’un coté Brandon Boyd était très vivant sur scène, n’hésitant pas à tendre son micro vers le public quand il sentait que les gens connaissaient les paroles et d’un autre coté il s’est contenté de dire juste 3 ou 4 fois merci par ci et là. Pas de présentation des troupes, pas de discours, pas de « c’est un plaisir de revenir à Munich ! » nada. Je le re dis c’est vraiment la sensibilité de tout à chacun. Pour ma part je suis resté sur ma faim et je n’ai rien contre (bien au contraire) le fait qu’un groupe prenne la parole quelques minutes et bavarde ouvertement avec la foule. Une histoire d’oublier que l’on est dans un Show minuté et qui soyons honnête, suis un timing rôdé avec une setlist parfois à la minute près. 

Setlist du soir :

  1. Privilege 
  2. Anna Molly 
  3. Megalomaniac 
  4. A Kiss to Send Us Off 
  5. State of the Art 
  6. Circles 
  7. Echo 
  8. Pardon Me 
  9. Sick Sad Little World 
  10. No Fun 
  11. Love Hurts 
  12. Absolution Calling 
  13. Wicked Game (Chris Isaak cover) 
  14. Glitterbomb 
  15. Are You In? 
  16. Wish You Were Here 
  17. Here in My Room 
  18. Drive 
  19. A Crow Left of the Murder