Une Affiche bipolaire
Mardi matin, annonce en grande pompe de la première partie de la programmation de Rock en Seine pour une quinzième édition agitée qui se tiendra comme chaque au Parc National de Saint-Cloud en région Parisienne. Rendez-vous encore une fois sur 3 jours, du vendredi 24 août au Dimanche 26 août 2018.
La programmation en question
Justice, 30 Seconds to Mars, Anna Calvi, King Gizzard & The Lizard Wizard, Ezra Furman, Idles, First Aid Kit, Mashrou’Leila, Parcels, Cigarettes After Sex, Yellow Days, Macklemore, PNL, Post Malone, Stefflon Don, Bonobo, Dirty Projectors, The Black Angels, Carpenter Brut, Bicep, Nick Murphy fka Chet Faker.
Pas moins de 20 artistes dévoilés pour une avalanche de commentaires pas franchement agréables. Trois têtes d’affiches Rap/hip-hop à Rock en Seine et il n’en fallait pas moins pour créer une déferlante sur les différentes pages officielles du festival. A l’instar des Eurockéennes partageant outre une certaines ADN Rock, une ouverture assumée sur la diversité culturelle et les tendances actuelles, Rock en Seine à subi de plein fouet son ouverture. Ouverture dont la critique de l’approche hip-hop peut être compréhensible pour les puristes. Pour nous c’est plus le manque de risque ainsi que la recherche d’exclusivités qui pêche ici.
PNL ou PLS ?
Car le problème de fonds ce n’est pas uniquement la venue de PNL ou de Post Malone et Macklemore. En soit, PNL a crée la surprise en tournant l’année précédente avec un succès scénique avouons le en mi-teinte. Là ou Booba avait décidément assuré en mode patron aux Eurockéennes pour exemple (celui ci sera d’ailleurs de retour pour donner le ton en 2018 au Cabaret Vert), le duo auto-tuné et nuageux nous avait laissé sur notre faim. Et concrètement, qui attends PNL en 2018 ? Sorte de soufflet, le rap-Game français étant des plus hyperactif, beaucoup ont déjà tourné la page et des Lomepal, Romeo Elvis semblent déjà plus attendus du public. Post Malone dans le lot apparaît comme la bonne pioche, pourquoi pas, sur le papier ça colle. Le jeune rappeur cartonne et à annoncé encore très peu de dates en France à l’inverse de Macklemore qui cumule étrangement les date sur notre territoire. Une bonne pioche pour RES, avec un rappeur qui fait le taff en live et ne se privera sans doute pas de reprendre de la country ou du Nirvana à Saint Cloud.
Non le soucis, c’est bien l’impact géographique, l’exclusivité, qui va poser problème à cette édition pour l’instant.C’est véritablement cette locomotive molle, celle qui est sensée motiver l’achat d’un billet pour un nom « rare », et provoquer le choix d’effectuer des déplacements long chez le spectateur ou à l’inverse, d’amener au spectateur sur place (donc parisien) des noms qu’il n’a pas l’habitude de voir en salle le long de l’année. Là du coup, on se retrouve avec Justice en deuxième partie de tournée après X dates françaises et plusieurs passages en région Parisienne et surtout 30 Seconds To Mars qui vient tout juste de donner un concert à Paris. D’autant plus que la venue de Jared Leto n’emballe pas forcément tout le monde, certains préférant l’acteur au chanteur. Et, à l’image d’un King Of Leon prétendument T.A et bien trop chers à faire tourner sur le sol français, est ce que le gros est finalement « rentable » pour un tel évènement ? On reste perplexe sur ces choix.
Un clivage dans la programmation qui inaugure d’une tendance future
Comment expliquer cette orientation ? Nouvelle direction, entrée en scène de Pigasse et une entrée au capital d’AEG le numéro mondial de la gestion de salles de concerts. La Direction ayant par ailleurs explicitement déclaré à la Presse ne pas vouloir trahir l’ADN du festival tout en s’adaptant au public. Dans les faits, la déclaration fait sens sur le papier avec cette programmation qui est sciable en deux catégories. D’un côté, les deux premières lignes de tableau fédérante à la Lollapalooza et comme le pratique beaucoup de festival américain, avec des gros morceau et des tourneurs forts et la salve de noms du reste de l’affiche loin de cet apparat « mainstream » (on déteste ce mot mais en l’espèce, entre Macklemore et King Gizzard il y’a plus qu’un monde). Deux univers, deux publics que l’organisation va sans aucun doute essayer de fédérer autour d’un projet commun et global. Rassurer les habitués et attirer de nouveaux clients, en dehors de paris, à l’international. Une orientation qui s’explique mais donne peu d’espoir à la venue future de tête d’affiche clivante ou elle même « de niche » .Typiquement, Nine Inch Nails en tête d’affiche à ReS, c’est sans doute fini !
Si le nouveau cap est clairement visible, on ne va pas non plus taper gratuitement sur la programmation, au contraire. Rock En Seine garde son essence comme nous l’expliquions tout à l’heure dans la deuxième partie de tableau. Outre la chanteuse/guitariste Anna Calvi que l’on connaît désormais bien, c’est surtout la petite salve de noms issus du Rock indé qui va faire mouche. Côté psyché avec les maîtres du genre Texans, The Black Angels et surtout les hyperactifs de King Gizzard & The Lizard Wizard ô combien adulés et dont les prestations comme celles d’un Thee Oh Sees ou d’un Ty Segall laisse à chaque fois des traces de freinages sèches. Autre pépite australienne se faisant un petit nom dans notre pays, Parcels et sa pop/funk ultra léchée dont le futur est aussi brillant que le casque d’un Daft Punk. Le retour des soeurs suédoises de First Aid Kit avec un dernier album encore une fois doux et enivrant. Côté électro on retiendra surtout la venu ultra classe de Chet Faker, le retour de Bonobo et l’indispensable présence de Carpenter Brut ! Enfin on valide complètement la venu de nos copains d’Idles qui seront de retour d’ici là avec un deuxième album et vous feront pogoter sur du Post-Punk Anglais des plus charmants.
Wait & See
Rock en Seine 2018 n’est donc pas une catastrophe industrielle loin de là et il ne faudrait pas bouder pour autant son plaisir pour quelques têtes d’affiches. On attends les prochaines annonces pour voir vers quels sens tangue le bateau mais on aurait effectivement apprécié un meilleur emballage pour ce package de Middles Names. Les prochaines annonces devraient arriver d’ici la fin du mois d’Avril avec encore une ou deux têtes d’affiches Rock, histoire d’en rassurer certains et peut être amener quelques noms Punk/métal, un genre qui manque aussi un peu à l’affiche actuellement… Wait & See donc !