LiveReport : Metallica + Kvelertak / SAP Arena / Mannheim / 17.02.18

Exxtra Wurst ist für alle da

Petite sortie du soir chez nos correspondants germaniques afin de partir à la rencontre des Four Horsemen du Thrash. La Hit & Cash Machine Metallica reprends son Tour Bus Européen pour quelques dates dans l’est et ce n’est pas la petite heure et demi de route qui sépare de Strasbourg de Mannheim qui allait nous freiner sur ce coup là.

La dernière fois que l’on a vu le groupe, c’était au Sonisphère (R.I.P. l’ancien Download européen) avec sa splendide affiche de T.A. bien calibrées autour de l’évènement, le Big Four pour son second rally dans le pays. Autant dire que ça commençait à dater… Entre temps le groupe à pondu quelques belles sorties (en interviews) et déclarations chocs, mais à surtout sorti fin 2016 un nouvel album. Un évènement aussi rare qu’un Pokemon légendaire dans l’historique Metallica, celui-ci justifie amplement de s’intéresser à nouveaux aux géants de San Francisco. Si Hardwired a été semble t-il moins marqueté à sa sortie que l’a été Death Magneticle groupe a bien entendu garder son statut d’indétrônable Mastodonte et tête d’affiche du Metal. Parcourez le monde, vous pourrez citez Maiden ou Black Sabbath, aucun des groupes du genres n’aura la puissance qu’évoque la citation du nom Metallica aux oreilles du public, metalleux ou non. Le Hellfest, sorte de salle d’attente du dentiste de San Francisco en est un bel exemple….

Difficilement accessible en festival depuis quelques années en Europe, aussi bien d’un point de vue financier que technique, la venue de Metallica en salle reste une aubaine pour les fans et ceux qui souhaite apprécier le groupe dans les meilleurs conditions. Cependant avec un tarifs ticket approchant les 100euros sur la plupart des dates, le groupe est devenu comme beaucoup d’artistes internationaux, un spectacle presque de luxe dans le milieu. On ne va pas voir Metallica comme on pourrait voir Slayer ou Megadeth. Si la musique s’encadre dans le même décor, la scénographie, les enjeux et les salles n’ont plus rien à voir depuis des décennies. Voir Metallica est un plaisir, mais aussi un effort. Un groupe qui sait faire attendre et est attendu au tournant. Les Mets malgré ces tarifs incroyables, n’ont cependant aucun mal à tourner en Sold-Out dans les Arenas, stades et Zenith toute l’année. Alors pourquoi arrêter l’inflation ?

Une arène taillée Gladiateur

 Crédit Photo :Jeff Yeager

Une fois le prix du billet digérer, on assume et on arrive enfin vers cette superbe Salle Omnisport de la capitale du Bade-Wurtemberg. Il est difficile au premier coup d’œil pour nous autres français de s’imaginer qu’un édifice de cette taille soit prévu initialement pour des rencontres de hockey ou de handball. La SAP Arena est impressionnante de hauteur,  une arena à l’américaine avec un second étage rempli de loges somme tout confortables à vu d’œil, avec des petits salons et retransmissions télé en direct .

Au 3ème étage, tout en haut des gradins l’immensité du lieu et la hauteur du plafond nous permettent de contempler cette scène centrale imposante mais finalement pas si grande que ça vu d’en haut. Près de 30 mètres sépare les plus hauts sièges de la fosse tout en bas, les rambardes omniprésentes bien que gênantes visuellement ne semblent pas de trop pour assurer la sécurité du site. Près de 15 000 spectateurs sont attendues et pourtant on à tout de même l’impression de respirer dans les gradins. Les places sont larges aussi bien pour les pieds que pour les coudes, peu de risque de renverser involontairement la Blonde du voisin, ou sa bière.

Au sol, dans la fosse le sentiment de grandeur se confirme et l’on ressent une certaine présence malgré le public qui n’est pas compact et ne se masse pas en force devant la scène, on peut respirer et la fosse et même agréable, sérieuse et presque docileLa fosse n’est pas sur-bondée et on arrive facilement à se glisser à proximité de la scène sans être collé pour admirer le show.Mais cette présence, s’explique facilement. C’est simple, nous sommes entourés de murs de gens lorsque que l’on regarde de chaque côté ! On comprends finalement pourquoi certains sportifs arrivent à faire abstraction des 10 000 personnes les entourant, l’homme devenant simple décor ici.

On fait le tour des étages du bâtiment rapidement, 3 étages avec des entrées spéciales pour chaque secteur. Côté toilettes rien à redire, ceux ci-sont en nombres et présent à chaque secteurs. Votre vessie sera intacte après un show promis. Du côté des stands, très peu de sponsoring de marques habituels, on a bu du Afri-Cola (étrange…) et une bière allemande inconnue au bataillon et pas franchement bonne. Soit, on est pas là pour ça. Enfin, vous retrouverez à chaque étage les mêmes stands bouffes avec les saucisses du déjà culte Exxtra Wurst, des pommes frites, de la pizza, des pop-cornes et autres saloperies sucrées dont on ne peut pas se passer un soir comme ça. Moi, le gars et Metallica. On fini notre bière un peu dégueulasse et on descend tout de go dans la fosse aux premières sonates de la chouette norvégienne.

Kvelertak (première partie)

 Crédit Photo : Stian Andersen

Ayant découvert Kvelertak il y’a 5 ans, avec un premier album sans fautes produit par Kurt Ballou des respectables Converge et dont la jaquette est signée John D. Baizley de Baroness. Objet de culte, acclamé par la critique et proposant un savant mélange de Black dans la plus pure tradition Norvégienne avec des lignes mélodiques soutenues par 3 guitares avec des mimiques de Rock’N’Roll pure et dure. Accessible mais pointu Kvelertak est un bel objet sonore nordique qui n’est comparable qu’avec peux de groupes actuels. Il est loin le temps ou l’on avait vu le groupe jouer en France devant 100 pelés mitigés, c’est un plaisir de voir que Metallica les ont invité sur cette tournée. Le public n’étant pas forcément le même, un petit défi pour groupe et un gros tremplin potentiel.

Démarrage en mode vision de nuit sur Åpenbaring (oui tout est en norvégien donc vous pouvez déjà arrêter de vous torturer l’esprit sur les lyrics), arrivée du groupe sur scène avec la classique tête de chouette. Premier constat, beaucoup de basse, une batterie légèrement surmixée et un Erlend en retrait vocalement. Le son va s’améliorer comme à l’habitude durant le set mais rien de transcendant, c’est ce que je craignais… On adore Kvelertak mais même en festival, on a toujours pas été convaincu par le son Live du groupe. Avec 3 guitares, le chant d’Erlend est bien souvent trop masqué et on perds cette force vitale pour une énergie plus froide qui tranche avec l’ADN du groupe.

La prestation est correct, voir même bonne mais encore une fois difficile de s’imprégner des pistes si l’on a pas écouté précédemment les albums du groupe, certaines parties sonnant effectivement très brouillonnes. C’est réellement dommage car Kvelertak ne dispose pas de l’amplitude du coup pour fédérer lors de ces rares occasions, de nouveaux fans. D’un point de vu visuel et scénique, on craignait aussi les difficultés du groupe à assurer un show en scène centrale devant un public aussi nombreux. De ce côté là pari réussi, les musiciens remplissent la scène avec une présence plus assumée, mobiles et énergiques, le plaisir est présent et réel.

Au niveau de la setlist, bonne surprise aussi. On pensait être envahi par une invasion de tracks issue du dernier album plus « Prog » mais le groupe à choisi logiquement de mettre en avant leur pilier, le premier album avec des pistes plus incisives et catchy comme Mjød ou Blodtørst, contraste saisissant avec l’épique 1985 non s’en rappeler les succès de Rush, mais la piste traîne en longueur sur le set et ne fait pas mouche auprès du public. Celui-ci restera timide mais respectueux. Petit moment de relâchement sur Berserkr et surtout la baffe Ulvetid ou le public se prendre un peu plus aux jeux des norvégiens. Manelyst déçoit un peu en live, tandis que le groupe clôture ses 45 minutes de prestations sur leur hymne éponyme avec un succès tout de même honnête sur la foule qui scandera le nom de ce groupe, connu ou non.

Un set mitigé pour Kvelertak, qui rempli nos inquiétudes, et nous laisse mitigé sur la capaçité du groupe à évoluer, peut être pas dans leur élément. Petite saumon dans une rivière trop grosse…On retrouvera les norvégiens cet Avril pour une date en salle à La Laiterie de Strasbourg, avec un son qui leur rendra plus honneur.

La SetList du soir

  1. Åpenbaring
  2. Bruane Brenn
  3. Mjød
  4. 1985
  5. Berserkr
  6. Evig Vandrar
  7. Ulvetid
  8. Blodtørst
  9. Månelyst
  10. Kvelertak

Metallica

On reprends un Afri-Cola plus tard et boom ! Pile à l’heure, la musique d’introduction du groupe résonne dans toute l’arena telle l’arrivée d’un catcheur star de la WWE. The Ectasy Of Gold d’Ennio Morricone est désormais presque aussi célèbre via le 7ème Art que par le biais des shows de Metallica eux même. Hommage assumé depuis des années et des frissons à la clé à chaque fois. Le générique haletant du western des 4 cavaliers de l’apocalypse se dissipe dans un vacarme d’applaudissements et de sifflements positifs. L’ambiance est brulante et le public de sa voix couvre de par sa force bucale l’introduction d’Hardwired dont l’intro passe en PBO en fonds sonore. Une entrée discrète sur la scène centrale des quatre protagonistes de ce soir qui démarrent sans plus tarder la cavalcade de riffs.

 Crédit Photo :Jeff Yeager

Pas le temps de niaiser,à peine Hardwired de savouré, Atlas Rise ! prends le relais et impose le ton de la soirée. Entre le premier et ce second morceau les quelques ajustements de l’ingénieur son font mouche et Metallica sonnera comme jamais. Oubliez les gros festivals, si vous voulez entendre les doigts de Rob aussi bien,  le jeux académiques mais efficace de Lars, la prestance Grand Seigneur de James et la dévotion totale de Kirk pour sa Wah, viendez les voir en Salle ! Mes craintes pour Kvelertak côté m’avait elles aussi fait craindre le pire pour Metallica. Dans la réalité il n’en est rien. Dès que le second morceau, la balance est faîte et le groupe sonne franchement bien. Les guitares sont saturés et incisives, la basse est un régale de rondeur et même la batterie bien que triggée grossièrement résonne dans cette boîte à émotion comme un noble marteau de stakhanoviste.

Seek And Destroy démarre. L’atmosphère devient moins respirable et la température de la salle augmente. Si les nouvelles tracks issues du dernier album revêtent une nouvelle âme en Live, le public connaît les bails et démarre une projection astrale dès les premières notes d’un classique du groupe. Seek and Destroy déchire tout simplement. Quel plaisir de ré-entendre cette piste avec l’arsenal sonore moderne du groupe. Rob se permettra par la suite un petit kiff’ en reprenant au chant avec l’aide de Kirk le Rock You Like A Hurricane de Scorpion. Imparfait au possible et à l’opposé du reste du show des Mets plus carré,mais fun, un bel intermède modeste et plaisant.

 Crédit Photo :Jeff Yeager

En parlant de modestie. Si la scène semble à priori l’être en comparaison des précédentes tournées aux US notamment, ou lors des éditions anniversaires et Best-Of le groupe partait en guerre avec des florilèges d’effets techniques, montages et cartons pâtes à l’effigie des symboles du groupe ou même de la scène tout en écrans utilisée lors des tournées en festivals. L’éclairage est particulièrement au point et celui-ci suit mécaniquement les protagonistes en engageant un halo de lumières au moindre de leur pas. La scène n’est pas haute mais est bien visible, et tous sont à hauteur d’homme de la fosse. Les conditions ont été travaillées pour que chaque spectateur puisse en avoir pour ses deniers et ainsi apprécier le spectacle de n’importe quel endroit de l’arena. Exit les places avec vue réduite ou même le géant de 2 mètres qui vous bloque la vue. Non ici on respire et on peut apprécier le spectacle, un plus indéniable.

On regrettera cependant le manque de décorum scénique, ou plutôt le choix de celui-ci. Cette tournée suivant la thématique Hardwire, de multiples écrans carrés entourent la scène et le groupe. Ces télé sur cables feront des vas et viens verticaux tout en projetant des vidéos en lien avec la chanson en cours. On a vu plus impressionnant, même pour le groupe. La scénographie reste appréciable mais il manque tout de même un ou deux écrans géants pour apprécier en détail certains mouvements, des mimiques qui nous échapperait. Même au niveau pyrotechnique avec deux petits passages sur le barbecue, on a connu le groupe moins avare en Gasoline. Pire, on a perdu cette avalanche de goodies, confettis et ballons ! Kitsch, certes mais presque devenu un classique pour un show de Metallica. Là on était dans la sobriété et la claque, c’est un bon choix aussi. Moins d’artifices plus de sacrifices.

On ne va pas non plus bouder cette scénographie car la vraie nouveauté et celle qui m’a laissé sur le cul, reste la chorégraphie lumineuse et aérienne de drones réalisée lors de Moth Into The Flame. Imaginée par Verity Studios, pendant plus de 4 minutes, des appareils multi-rotors virevoltent autour de Lars et simulant des lucioles. A l’œil nu on ne voit pas la manigance, et on se dominer par cette poésie aérienne et la magie de ces drones. Gros exploit technologique et un indéniable plus pour la chanson qui sonne encore mieux en live que sur l’album. Le constat s’installe petit à petit, si Hardwired ne m’avait pas laissé une impression notable sur galette, les tracks sonnent divinement bien en live et prennent vie. Parti pour être un peu cassant sur ces nouvelles pistes, je n’ai plus rien à redire sur l’interprétation des Mets.

L’enchaînement de rêve arrive, le triolet de la mort est là ce soir, Sad But True suivi de One et le Master tant attendu. Des orgasmes se font ressentir de partout et One sonne divinement bien. Les clean de Metallica ont largement gagné en confiance tout comme les phalanges de Kirk, pas de pain et plus serein. L’ambiance de poudre noir et la tension s’échappe au moment de l’introduction de Master, un climax mi-figue mi-raison. Une petite mort dans l’âme, une presque déception. Dans les faits le morceau fait mouche mais ne transperce pas notre carapace nostalgique. Les Palm-mutes sonnent à nos oreilles comme des bourdons bourrés dans le vent et on regrette ce mix à l’ancienne. Non ce morceau est un monument, sans doute l’un des préférés du public mais ce soir ça ne sonnait pas aussi bien qu’on l’attendait…

 Crédit Photo :Jeff Yeager

Déjà deux heures de concerts dans les pattes sans s’en rendre compte, c’est plutôt très bon signe ! Pas de surplus de temps mort, James fait lui aussi moins de cheap’ chat avec le public et alloue plus de temps aux nouveaux morceaux. Des attentions vis à vis de celui-ci bien réelles et essentielles à un show de ce genre. Sans tomber dans du monologue de James ou des Boring Time comme lors des Gun’s N Roses ou Axel cherche sans la trouver, notre corde sensible au piano alors que le Pekin moyen n’attends que Rocket Queen. Le groupe démarre son rappel sur Spit Out The Bones. Encore une fois ça sonne foutrement bien. Merde Hardwired était un t-il un album studio qui masquait la forêt l’ambition de porter grace aux lives ?

Pas de bourdes de Kirk, aussi bien sur les passages cleans qu’en soliste, une wah modeste et audible. Constat, James Hetfield le frontman ultime reste l’indiscutable chouchou du public. Le groupe alternant de positions pendant et entre chaque chanson (même la batterie de Lars effectuera une gentille rotation de 90 degrés à chaque quart du concert afin d’avoir vu une partie du public de chaque quadran), Rob en forme et se gargarise d’une splendide cover de Anesthesia pas piqué des hannetons, ça fonctionne, ça cogne. Ride The Lightning est boudé à mon grand désespoir mais les fans auront eu leur madeleine de Proust. Nothing Else Matters,Enter Sandman pour abréger les souffrances en guise de rappel et finir sur la note Hard-FM nostalgique et laisser les mémoires vives et larmoyantes.

Pas de pogos, pas de bousculades mais de la passion et du respect et un Metallica en taille patron à qui l’on peut finalement très pu ou rien reprocher. Avec un carrière XXL, des show démesurés tout comme le tarif de ceux-ci. En changeant de Set-List presque à chaque fois et en prodiguant un soin de plus de deux heures chaque soir à ses patients. Les Mets restent une bête de foire que vous vous devez de voir au moins une fois en salle. Une expérience n’ayant rien à voir avec Slayer ou Megadeth. Metallica c’est un peu le Metal format Bruce Springsteen, on donne, on reçoit.

 Crédit Photo :Jeff Yeager

Dernière date de la première partie de la tournée 2018, le groupe reviendra à nouveau en Europe à la fin du mois de Mars pour poursuivre la fin du tour avec un démarrage au Danemark, en Allemagne, dans l’Est et enfin en Scandinavie. Des dates toutes Sold-Out bien évidemment…