Feu ! Chatterton en Interview à Décibulles
Juste avant un concert tout Feu ! tout flamme en ce premier jourde l’édition 2019 du festival alsacien Décibulles , c’est tout en décontraction que se sont posés Arthur et ses compagnons de Feu ! Chatterton en plein L’oiseleur Tour 2.0, pour répondre à quelques questions. Ivresse, festival, mythologie, enregistrement et… chaton. Tout un programme !
ITW : Salut Feu ! Chatterton ! Si vous pouviez organiser votre propre festival, comment l’organiseriez-vous ? Quelle manière ? Avec quels invités ? Ou et à quoi cela pourrait ressembler ?
Feu ! Chatterton : C’est marrant parce que l’on y avait pensé à un moment et on s’était dit qu’on avait envie d’organiser un truc … Alors pas forcément un festival mais un évènement où l’on pourrait regrouper des artistes qui partagent le même style de musique que nous. Parce qu’en France actuellement il y a quand même beaucoup d’artistes qui font du Rock et qui continuent à jouer en groupe mais qui ne rencontrent pas le même succès qu’il y a quelques années. Et on s’était dit qu’on avait envie d’organiser comme ça un festival (mais à Paris du coup) avec du Rap, qu’on écoute aussi beaucoup? C’était un truc qui nous traversé l’esprit oui.
(Arthur) Moi je le ferai bien au bord de la mer, un petit festival avec 2,300 personnes max, c’est beaucoup déjà…
Tu vois les gars de La Femme ils organisent un festival à Biarritz (avec ALC et la Rat’s Cup) ça à l’air super cool. Ils réalisent tout, ils font leur programmation et font jouer des petits groupes.
ITW : Les Last Train vont le faire aussi à Lyon prochainement (La Messe de Minuit).
Feu ! : Ah oui parce que Cold Fame (Agence de diffusion et de production de concerts fondée par les Last Train) est à Lyon, mais si je le ferai, ça serait en mai/juin à la fin du printemps, début été au bord de l’eau. Il y a un petit festival sympa que j’ai fait qui s’appelle « Isla » qui est sur l’Ile des Embiez au large de Toulon. Franchement quand tu es sur une Ile et que tu es là quelques jours, que tu retrouves les mêmes gens avec des bons spots, de la bonne bouffe, il y a un truc vraiment. C’est 500 personnes , un truc très convivial comme ça.
Après on inviterait quoi… Des supers DJ’s ou des groupes d’électro avec des percu’ … Tu commences en début d’après-midi par des concerts acoustiques, KOKOKO! par exemple (ayant déjà joué au festival Isla d’ailleurs). C’est bien parce que quand tu fais ça, tu as l’occasion de varier les styles. Tu peux faire jouer des groupes plutôt Rock vers 21h/22h, après tu mets des trucs plus électro. A 18h des trucs acoustiques…. c’est mortel non ?!
Après faut l’organiser quoi…(rires) mais dans l’idée ça nous ferait kiffer !
Ah ouai, Rodrigo Amarante j’aimerai bien l’inviter, il fait de supers concerts à la guitare acoustique ! (A qui l’on doit au passage la musique du générique de la série NARCOS).
ITW : Et comment appelleriez-vous ce festival ?
Feu ! Quézac… (rires)
On l’appellerait, je sais pas… Fuego Festival !
Ah non,non… tu vois ça, ça prendra du temps ! (rires). Du coup le festival n’existera pas parce que l’on ne s’entendra pas sur le nom…
ITW : On l’appellerait pas Feu ! Stival ?
Feu ! Oh, pas mal ! Et après en dessous ce sera sous-titré « Ah Ah Ah ».
ITW : Et concernant la programmation ?
Feu ! (Arthur) : Je pense que l’on s’entendra plus facilement sur la programmation. Parce que ce qui est chouette c’est que l’on écoute pas forcément les même trucs et que dès que l’on découvre quelque chose qui nous émeut, on le partage. Généralement si un truc te touches « fort », il y a de fortes chances que tes camarades y soient aussi sensibles. Et puis s’ils ne le sont pas et c’est ce qu’il y a de bien, c’est que l’on apprend à se faire « aimer des choses ». On se frappe un bon coup…(rires).
ITW : Passons à un tout autre autre sujet. Quels ont été les conditions de création de l’album « l‘Oiseleur » ?
Feu ! (Arthur) : On s’est isolé pendant presque un an dans le studio avec Samy Osta qui est notre compagnon de musique, l’homme qui a réalisé notre premier EP, l’album et donc l’Oiseleur. Juste avant ça, je suis parti seul le long de la méditerranée entre l’Espagne et l’Italie, vers Naples, Séville et Grenade entre l’été et le mois de septembre pour écrire des textes. Alors ils sont assez imprégnés comme ça d’une forme de volupté, d’exil, de distance vis à vis du quotidien et de l’action. Un truc un peu contemplatif avec des éléments, des fruits, de l’art, de la mer et de l’amour bien sûr !
ITW : Justement, cet album est très méditerranéen. Il y a les volcans qui sont évoqués… Au delà des influences évoqués dans vos textes, Eluard et d’autres, on à l’impression qu’il y a aussi la Mythologie ou l’Antiquité Romaine dedans ? « Ginger » fait penser à Pompéi.
Feu ! (Arthur) : C’est pas pour rien. J’ai surtout passer du temps à Naples pour écrire. C’est une ville qui vous happe quand on y reste un long moment… on devient Naples. Il y a un truc comme ça où c’est une ville qui est chargée de beaucoup de mystères et de voluptés au sens où cet endroit danse avec l’amour et la mort. Là bas tu as un cimeterre à ciel ouvert ou sont empilés des cranes avec qui les napolitains viennent parler. Ils choisissent des cranes avec qui ils discutent… Et c’est une sorte de danse ou l’on ressent la finitude des choses, une grande joie ou l’on vient célébrer la nature. C’est quand même une ville menacée par un grand volcan qui a déjà frappé à Pompéi. Le Vésuve est là et trône, on se sent vivant parce qu’on se sent fragile. C’est quelque chose qui imprègne beaucoup le disque, la finitude des choses sans tristesses, on sent que notre vie est courte et que l’on est peu de choses. Peut être que du coup, sans s’en rendre compte on s’inscrit dans quelque chose de très mythologique. Nous sommes des êtes humains qui s’inscrivont dans une longue histoire qui a commencé il y a des millénaires.
ITW : Alors ce n’est peut-être pas fait sciemment mais certains vers font vraiment penser à l’histoire d’Orphée et Eurydice. Grace c’est la Grèce Antique ? Il y a beaucoup d’éléments… Déméter et Perséphone, « j’attends le printemps » fait penser aux saisons et on à l’impression que le printemps est presque éternel sur le bassin méditerranéen ?
Feu ! (Arthur) : Ouai c’est vrai, c’est un album éclairé de cette lumière printanière que l’on appelle aussi nous, « lumière de l’après-midi ». Une sorte d’après-midi éternel. Il y a quelque chose qui ne bouge pas, une lumière qui reste en suspension. Et oui Orphée c’est un personnage qui m’accompagne depuis longtemps avec des symboles, des objets comme des fétiches et qui représentent beaucoup de choses. C’est pour cela que c’est une poésie assez symboliste. Beaucoup de symboles où chacun peut se retrouver, des symboles qui ne disent pas des choses « surlignées » mais qui sont plus suggestives. La poésie symbolise, la musique que l’on a fait dans cet album est là pour être le contour d’un monde dans lequel l’auditeur se plonge. On a vraiment voulu faire ce disque suggestif, évocateur, plutôt que descriptif ou nominatif. Peut être pour ça, comme tous les mythes, ils sont d’abord des machines à penser. Ils indiquent juste une direction « tiens il y a l’amour, un s’en va, l’autre reste ». Orphée est une belle figure pour cette raison. Il y a une double chute, sa femme meurt, Eurydice piquée par un serpent, il va la chercher aux enfers et héroïquement il réussi. Par sa lyre il parvient à passer le Cerbère qui protège les enfers, il parvient jusqu’à Hades. Alors les mythes ont plein d’interprétations différentes qui laisse chacun le plaisir de s’y plonger de laisser court à son interprétation. Et alors, il parvient à la ramener jusqu’au bout des enfers et là il se retourne parce qu’il a peur du silence dans son dos et elle reste là, c’est terrible. Bon la vie est faite comme ça, de moments ou l’on avance, ou l’on tombe et ou l’on se relève…
ITW : Et Sari d’Orcino ?
Feu ! (Arthur) : C’est un village corse.
ITW : Mais c’est aussi une grande ode à l’amour , le jardin, les fruits, le corps…
Feu ! (Arthur) : Ouai, c’est très charnel. C’est ce qui est bien aussi dans les chansons, c’est que toi tu y vois la grande mythologie millénaire de la Grèce et de Rome et c’est vrai que c’est un album assez mystique. Mais parallèlement, c’est aussi tout ce qu’il y a de plus intime. Comment on fait d’une expérience vécue, parfois rien. Là on est là, sous un cerisier, on ne sait pas ce qui va se passer. Ça peut devenir quelque chose de très symbolique et qui va partir d’un mythe comme quelque chose de prétentieux. On essaie de dire que chaque instant résonne et est à la portée d’un mythe et on essaie de célébrer ça, la petite vie d’un Homme. Et comme tout le monde est amoureux, s’est déjà baladé, a déjà senti l’odeur d’un parfum alors l’intime résonnera comme la chose la plus universelle.
ITW : Est-ce que vous connaissez un peu la programmation de ce week-end ?
Feu ! (Arthur) : Ouai carrément ! Cet été on tourne beaucoup avec Thérapie Taxi, ils sont programmés à de nombreux endroits. Caballero et Jean Jass aussi, c’est marrant parce que cet été on est beaucoup programmé avec des artistes Hip-hop. On se sent très à contre-courant et en même c’est très intéressant vis-à-vis de la musique « intransigeante » que l’on propose et qui s’en fiche bien de la mode et de l’ère du temps. C’est un 2ème été de festival pour nous, on fait la musique que l’on aime et on est toujours programmé dans de gros festivals avec du monde. Alors on se dit que c’est toujours une belle occasion de délivrer notre musique sur scène ou l’on essaie d’être généreux et honnête. Si t’es honnête et généreux, rien ne t’empêche de communiquer avec le public.
Et puis il y a Bernard Lavilliers, alors on ne sait pas s’il va venir jouer …
Il s’est fait opéré hier donc on se sait pas s’il va venir jouer… (B.Lavilliers est bien venu joué ce Dimanche et en pleine forme!)
Mais lui on le connait très bien ! On a travaillé avec lui sur son dernier album, on a arrangé et jouer deux chansons pour lui et c’est quelqu’un qu’on connait depuis des années.
ITW : Et sur la programmation de ce soir, si vous deviez collaborer éventuellement avec un artiste ? Vladimir Cauchemar... ?
Feu ! Je pense plus à la petite scène ou il y a du Math Rock ce soir. La jungle, ça c’est plus notre style. C’est deux mecs, batterie, guitare (Arthur : je me suis renseigné un peu…). Là c’est plus ambiance Rock. On est content de voir une petite scène ou il y a du « vrai Rock » qui joue avec des guitares et des batteries (rires).
ITW : Une anecdote marrante ou marquante d’un festival à raconter ?
Feu ! (Arthur) : Alors notre vie est une suite d’anecdotes.
Sur un festival, il y a les racontables et les pas racontables….
ITW : Allons directement sur les pas racontables alors !
Feu ! : Alors euh non du coup… (rires)
Là, on a découvert un brasseur local que l’on recommande à Saint-Maurice (Bas-rhin) qui se faisait interviewé par RTL. On est arrivé pile à ce moment là et finalement on a fait une interviewé croisée avec le brasseur, c’était hyper sympa ! Surtout que le brasseur est le petit fils de la tenancière du bar-tabac qui a 87 ans et qui brasse ça dans l’ancien garage de son grand-père. Très familial, super ambiance… sinon on a caressé des chevaux aussi tout à l’heure.
ITW : Alors ici c’est pas mal puisque vous pourrez tester plein de bière, sans oublier le petit stand de digestifs…
Feu ! Ah on a pas vu ça ! Tout ça, c’est dans la partie public ? (Le groupe cherche des noms de distilleries et brasseurs Alsacien)…
ITW : Ah il y en a quelques-un en Alsace…
Feu ! (Antoine) Nous on conduit pas… bon après on est dans le non racontable…
(Arthur) : Genre, la fois ou tu t’es battu avec un crocodile ?!
(Antoine) : On veut pas avoir la SPA au fesses…
(Arthur) : On était aux bords du lac Léman puis Antoine s’est dit « je vais me baigner ». Il va se baigner tranquillou, évite les essaims de moucherons et vois au loin un truc ondulé, carapacé, arriver . Hop un Croco’, il crie « oh envoyé moi une frite » donc on pense à une frite belge… et là il se bagarre. Bam ! Bam ! Et étouffe le croco avec des frites… Rien que ça, deux, trois fois rien hein…
(Antoine) : On avait décidé de le garder pour nous mais bon… vous nous obligez à en dire plus.
(Arthur) : Parce qu’après on en a fait des santiags et aujourd’hui ce n’est plus trop à la mode.
(Antoine) : Ah ça… Brigitte Bardot elle va pas être contente.
(Arthur) : Sinon en animaux, on a une collection de nourritures pour chaton (rires).
Alors ça c’est une vrai anecdote pour le coup ! On a un technicien son surnom c’est Chaton, l’ingé-son retours et pour être sur que les gens lisent bien notre Rider on a demandé de la nourriture pour Chaton ! Et à chaque fois qu’on arrive dans une salle on a de la pâtée pour chats et on nous demande « oh il est ou votre chaton ?! » alors qu’en fait c’est un homme barbu…Ce bellâtre blonde qui fait nos retours et donc on a une caisse de nourritures pour chats. Et à la fin de la tournée on va tout donner à la SPA. Parce qu’on est des gens « Sympa » ! (rires). On a une collection complète de Whiskas, Purina one… on s’y connait à fond maintenant (rires) !
ITW : Que pensez-vous de Décibulles du coup ?
Feu ! Ben, il nous ont donné de la bouffe pour chats donc c’est un très bon festival (rires) ! C’est cool parce qu’on sens l’ambiance locale, familiale, on sent que c’est parti d’un festival « sur la place du village » qui a grossi de plus en plus. Quand on est allé se balader avant, le brasseur qu’on à vu à dit qu’il serait là. Ça à l’air d’impliquer pas mal de gens dans la région. Alors que nous on est finalement un peu reclus. Ça à l’air de rien mais pour nous qui sommes toujours dans un monde parallèle, de couloirs avant d’aller dans un concert. Là, avoir l’occasion de se balader un peu, rencontrer les gens du coin, ça nous fait un bien fou !
C’est cette ambiance que l’on retrouve sur les festivals devenus des « grands » et qui étaient familiaux à la base. Il y a vraiment un lien entre tous ces festivals, je pense notamment dans une moindre mesure aux Vieilles Charrues qui a démarré aussi comme ça sur un petit bout de terre il y a 30 ans à Carhaix. Et c’est pareil, dans l’organisation, via les bénévoles, c’est hyper familial, dans la transmission.
Et puis on aime l’Alsace ! On est venu de nombreuses fois à la Laiterie (la SMAC Strasbourgeoise) . On a commencé dans le Petit Club puis on est revenu plusieurs fois dans la Grande Salle. A Nancy aussi au NJP (Nancy Jazz Pulsations) ou on a joué plein de fois.
Ouai, La Laiterie c’est une vieille et superbe salle, un peu moins grande que les autres salles de France mais qui est assez « Rock » dans l’ambiance et qui est située en ville aussi. C’est devenu assez rare aujourd’hui. Quand on fait des SMAC c’est souvent 1000, 2000 places à l’extérieur de la ville et tu vois juste le périph’, l’autoroute…
Tu as des salles comme ça, La Laiterie, le Florida à Agen, à Lille l’Aeronef c’est vraiment très agréable de venir jouer dans des salles comme ça.
ITW : Par rapport aux instruments, au choix des sons quand on écoute l’album on peut tout y trouver. Autant au niveau des sonorités il y a quelque chose de psychédélique avec la batterie qui s’emballe, la guitare aussi sur la fin de Grace , il y a un côté surannée très année 60’/70′ , le Rap dans le flow de l’Ivresse. Et dans cette chanson il y a deux batteries non ?
Feu ! : Ahah, c’est plus compliqué que ça…
Tu veux que l’on te donne tous les secrets de fabrications ?
En fait on avait cette chanson qu’on avait maquetté et qui sonnait très rap. Et l’on avait envie de mettre notre patte dans la rythmique qui est fondammentale dans les chansons de Trap’ mais nous voulions que ça sonne comme « nous ». C’est donc très personnel et on a trouvé une technique en utilisant une MPC qui est un vieux séquenceur des années 80′ et qui donne un son très caractéristique aux instruments que tu samples à l’intérieur grace aux composants, à l’équalizeur et le compresseur et qui donne un peu le son du hip-hop américain début 2000′. Du style, Dr.Dre et c’est comme ça qu’on a créé ce son de batterie.
Pour pouvoir jouer des parties de batterie, découpées et mises dans une MPC et on l’a rejoué en jouant sur la MPC avec ce son un peu compressé.
Pour faire des prog’ de batterie, les gens ne jouent pas les samples. Ils réutilisent des samples qui sont chanmés’ et qui ont une histoire. Tu tapes ta rythmique à la main. Là on a enregistré nous même les samples donc c’est Raph’ qui appuie sur les boutons, avec les samples qu’il a lui même joué et découpé.
Et c’est lui qui improvise avec ses samples et ses boutons, donc tu as un côté samplé « mécanique » et en même temps « improvisé ».
Ce qui donne à la fois ce son très claudiquant, très rock. Car la batterie c’est bien lui qui la joue. C’est long car il y a toujours un peu d’aléatoires, il faut y passer du temps, ce n’est pas parfait, « hop un sample égal un son ». C’est technique et je me souviens quand on l’a fait, au début Samy qui est notre producteur a dit « ah j’ai une super idée, on va sampler Raph’ dans la MPC » et une semaine plus tard quand on était encore entrain de comprendre comment marche le truc et on se disait « mais quel enfer… ». Et Samy avait cette idée de Sample avec la MPC depuis le premier album et on l’avait jamais fait parce qu’il avait comme exemple un son sur du premier album de Gnarls Barkley qui avait un son de batterie de malade mental et il voulait le reproduire.
Et nous dans la musique c’est aussi ce qu’on aime, l’expérimentation dans la production. De tester des choses qui prennent du temps à découvrir. On a chiadé ça. On aime bien les histoires de studio, de production chez les Beatles par exemple ou sur leurs derniers albums ils ont passé vraiment beaucoup de temps à expérimenter. C’est aussi quelque chose qui nous a nourri sur cet album là parce que l’on voulait expérimenter. Dans le morceau (Les Ruines) on a tout enregistré sur bandes par exemple. On a ralenti les bandes pour avoir la bonne tonalité, on a cherché vraiment des textures. C’est parfois pas grand chose, mais cette aventure en studio elle donne de l’épaisseur à l’aventure que représente un album. A la fin quand il est là, ce ne sont pas que des chansons que tu as enregistré. Et aujourd’hui comme les gens enregistrent piste par piste, on peut avoir tendance à oublier que l’aventure n’est pas juste l’achèvement de l’album, c’est encore l’expérience des chansons, tout ce qui va se passer à ce moment là ça fait partie de l’album.
ITW : Il y a des expériences à la Pink Floyd ou l’on va justement chercher à travailler le son. On va le travailler et ça va donner une introduction…
Feu ! (Arthur) : Ouai, parfois ce sont des accidents. On joue et il y a un truc qui continu de tourner, on utiliser des effets puis c’est enregistré et on va le mettre ailleurs. Parfois on passe des journées pour un son de clavier. On dit que les gens ne s’en rendent pas compte mais si, cette épaisseur, cette « patine » ils la ressentent comme nous on la ressent dans les disques. Moi je ne suis pas un grand technicien, mais il y’a des disques quand je les écoute, au fonds tu sens… Tu n’as pas besoin de savoir tout ce qui se passe pour sentir qu’il y a une respiration, une histoire, de la corne… Qu’il s’est passé des choses. Un disque c’est une photographie de cet instant, que tu le veuilles ou non. Alors autant faire de ce moment quelque chose de particulier, pas simplement un truc technique « tiens on va capturer cette chanson »…non c’est une aventure et c’est long.
ITW : D’autres projets prochainement. Des poèmes sous le coude ou un nouveau projet musical ?
Feu ! (Arthur) : Alors on est entrain de travailler sur un film. Une réalisatrice nous a contacté pour faire un film musical avec dialogues chantés et on s’éclate là dessus ! Reprendre un scénario c’est une matière très vivante pour faire des chansons. On travaille sur 8 chansons là en ce moment. Et on va prochainement se mettre à travailler pour notre prochain disque, ça va être un saut dans le vide assez excitant. Car à chaque fois on repart de zéro et on ne sait pas ce qu’on va faire…
ITW : Merci à vous !
Un grand Merci à l’équipe du festival Décibulles .
Interview commune réalisée avec les équipes de Sensation Rock et de Pokaa.