Séquence feuilles mortes qui reprennent vie sur le chêne tout de glands vêtu ou tout simplement en mode Marty McFly. On refait le tour en cette fin d’année sur les différentes dates qui ont jalonné notre périple estival à travers la France durant l’été. Direction le Ch’Nord cette fois-ci pour tester LE festival de référence des Hauts de France, le Main Square d’Arras.
Citadelle d’Arras, je t’ai découverte un Samedi tempéré de ce début de mois de Juillet. Parti tôt le matin même de ma terre natale Alsacienne, ce n’est non sans craintes que j’ai traversé des heures durant, le macadam goudronné qui suait des perles d’eaux le long de mes pneus de la marque du Bibundum français, pour enfin te trouver, un peu par hasard près d’un square et d’une école. Un emplacement qui peut étonner quand on est un habitué des Open Airs de campagnes. Comment un festival de cette taille peut-il se nicher dans une zone urbaine de ce type ? Un mystère réussie puisque le festival perdure depuis des années sans pressions et avec des chiffres à l’appuie et une organisation comme son entourage, pas en gazon mais bien en béton.
Sur place, juste à temps pour l’ouverture des portes, mes craintes se sont dissipées en un éclair. Accueil aux petits oignons, parking anarchique mais gérable et une gestion des festivaliers idéale à l’entrée. Le premier qualificatif venant à l’esprit est le professionnalisme des équipes, constat qui se confirmera par la suite pour l’accueil de l’espace Presse qui sera des plus chaleureux et agréable. A Arras on sait accueillir comme il se doit et mettre son ôte dans des conditions optimales d’amusement. Clairement disons le de suite, le Main Square n’est pas le festival de galériens de province ou vous allez devoir marcher des Kilomètres entre le parking, un camping le site et encore différent points du site. Difficile de se perdre dans l’enceinte nous entourant comme un cocon. Une qualité qui engendrera comme nous le verrons plus tard des points négatifs.
Pas le temps de niaiser et de faire le touriste sur la grande place, je m’installe donc devant la Greenroom pour la « toute première fois » afin d’attendre le premier groupe du jour. L’espace scénique devant la scène verte est d’une longueur appréciable mais peu large. L’emplacement logé tout à la droite du site est un recoin allongé qui ne laisse aucunes chances aux retardataires. Cette « petite » scène a pourtant tout d’une grande et n’a pas à rougir à côté (et non pas en face) de la Main Stage. On est là sur un festival qui à fait le choix de l’alternance entre deux scènes quasi côte à côte afin de proposer un flux constant de shows le long de la journée. Une gestion classique pour le site mais qui génère des mouvements de foules et une fluidité pas forcément des plus optimales. En journée, et ceci malgré le SoldOut ça circule encore bien pourtant. Cependant, une fois la nuit tombée, l’accès se compliquera vers la Géante Verte. Passage d’une départementale un Dimanche Matin pour une Autoroute du Soleil au mois d’Août avec ses caravanes Hollandaises. On démarre en douceur moi et mon tracteur au diesel pour accueillir les lauréats du tremplin qui auront la charge lourde d’ouvrir les hostilités.
June Bug
Duo de sexe opposé June Bug et non pas Jane Bug, est un micro-univers composé d’un guitariste et d’une percussionniste/claviériste se partageant les voix. S’amusant de l’acoustique de leurs instruments pour tromper leur monde et délivrer un son plus rond et profond que ce que peuvent vendre de prime à bord leur prestance scénique. Triggers et basses vrombissantes, un bricolage DiY de samplings astucieux mais néanmoins assez linéaire dans l’ensemble. Une prestation d’une bonne demi-heure honnête mais timide qui aura tout de même trouvée un petit écho lors d’une partie percussive plus soutenue sur la fin du set avec un final franchement prenant.
Un moment pas désagréable pour nous mais une scène un poil trop grosse pour nos deux sympathiques locaux. Une mise en bouche originale pour la programmation du jour résolument tous publics et radio-friendly . En reste sans aucun doute, une superbe expérience pour eux.
The G
On effectue rapidement la première navette entre les deux scènes pour arriver devant la Main Stage ou ont été littéralement propulsé à la dernière minute les deux frérots de The G. Remplacant au pied levé de Kaleo, c’est sans aucun doute la plus grosse scène qu’on eu à faire ce duo fraternel puisant dans les références White Stripiennes ou des Blood Red Shoes.
Encore une fois, un set timide mais pour le coup sans originalité. Le duo ne se démonte pas face à une foule curieuse et produit un power rock punchy vendant un peut à la sovette des éléments garage/Blues. La sauce est trop jeune et à du mal à prendre tant la fraîcheur du produit n’est pas présente. Ça joue bien, ça joue fort mais de manière encore bien trop académique. Encore une bonne expérience pour ce groupe mais un choix tout de même bien curieux à cet horaire encore calme certes mais qui fait un peu « tâche » au sein du gros plateau de la journée. Un peu l’annonce sortie du sol qui ne gâche rien mais n’apporte strictement rien. On oubliera assez vite ce set malheureusement.
Walking On Cars
On se permet de se déshydrater sur la fin du set de the G puis on se dirige vers la GreenRoom déjà bondé pour admirer les radiophiles Walking On Cars. Je vais être honnête, le temps m’a paru bien long. La linéarité des titres et l’attente du public pour les singles s’est largement ressenti dans l’audience à l’image du set, franchement mou.
On ne va pas mentir pour autant, Walking On Cars sonne bien tout de même, résonne même comme l’âme de son album mais ne trouve pas une aura live supplémentaire. On reste sur notre faim devant la succession de titre assez platonique du groupe qui délivre une prestation calme et maîtrisée mais sans climax et moments de grâce. Le groupe ne bénéficie pas d’un lightshow et d’éléments scéniques, couplé à un problème de transmission émotionnel c’est véritablement la douche froide. Un groupe qu’il serait plus approprié de voir dans de meilleurs conditions en salle, l’obscurité et l’ambiance jouant grandement à mon avis. Le moment n’est pas désagréable pourtant, juste un poil mort. Dommage
Talisco
Sans chichi, avec modestie et un plaisir communicatif à jouer sur scène à chaque fois. Talisco, et son chef d’orchestre Jérome Amandi prends le contre-pieds de la prestation de Walking On Cars et incarne exactement le projet qui prends véritablement vie sur scène. Entouré de musiciens « potes », celui qu’on à pourtant vu un paquet de fois cet été sur la route reste toujours aussi plaisant à écouter. Se réinventer, avec un set riche et généreux, le bordelais et ses musiciens dépassent les attentes et les aprioris de ce groupe révélés par « la publicité » comme on peut l’entendre dans l’audience.
Dans le genre Pop-Rock et même éléctro tout public, frais et familial pour un budget modeste, Talisco était vraiment une bonne pioche programmation cet été. On est curieux de connaître les prochains projets du multi-instrumentiste anglophile.
Cage The Elephant
La tête d’affiche Rock du jour arrive enfin sur la Main Stage. Loin d’être des superstars chez nous, les Australiens de Cage The Elephant se sont pourtant targués d’une solide réputation scénique comme critique ses dernières années avec des albums authentiques et riches. Groupe d’amis du lycée devenu grand en pratiquant durant des années les premières parties et les plateaux radio et tv, le groupe américain n’a connu qu’une récente projection sur la scène internationale et reste encore dans l’ombre chez nous. Ce passage sur la Main Stage apparaît comme une belle mise en valeur de cet écrin du Rock trop discret chez nous. Une promotion réussi pour les Schultz et leurs potes avec des interprétations vibrantes et impeccables des superbes pistes des deux derniers albums en date Melophobia et Tell Me I’m Pretty.
Une démonstration scénique Rock et une mention particulière pour le Leader Matt incarnant avec grâce et folie tel un Iggy Pop ses créations. Devant un public loin d’être conquis d’avance le groupe s’en sort avec brio et délivre une excellente prestation pour un set qui n’était pourtant pas des plus important sur leur tournée, une après-midi de gloire classique et discrète. Chapeau.
Rag’N’Bone Man
Rag’N’Bone le jeune ex-aide soignant Anglais est aujourd’hui une véritable tête d’affiche. propulsé devant les spotlights et à la radio suite à la parution de son album et le Hit international Human, le garçon à pourtant de la bouteille a sorti de nombreux EP ces dernières années, la scène ne lui fait donc pas peur à priori. Aussi sympathique soit-il reste, Rory reste assez discret, garde son souffle et ne bouge pas d’un cil. Un set tout en facilité pour ce grand garçon généreux et qui prends visiblement du plaisir à rencontrer ses fans français sur une grande scène. Pourtant il manque une magie à ce set et les compositions sans tomber dans le niveau de Walking On Cars, manquent de folie scénique et de moments de grâce encore une fois. Une aisance vocale appréciable mais sans risque mixée avec des compositions planchettes. Appréciable donc mais pas inoubliable.
Jain
On retrouve sur la grande scène la révélation World Music voir Pop tout court de l’année. Dans l’escarcelle d’un succès critique comme public à la Stromaé les années précédentes, Jain est un immanquable de 2016 comme 2017 (voir 2018?). Une machine inaltérable et un distributeur de bonne humeur.
« C’est quand qu’elle fait Makeba » entendra t-on toutes les cinq minutes. Alors oui le tube est réel, l’attente du public l’est aussi mais définir Jain à ce simple single serait une grossière erreur tant la discographie de la jeune artiste est déjà riche. L’intégrité de l’artiste et le plaisir de la musique sont encore une fois présent. Entourée de musiciens talentueux et d’un public déjà conquis à sa cause, Jain se balade et égraine ses ondes positives sur des tableaux colorés. Seule ombre sur le tableau, pour avoir vu la chanteuse sur de multiples dates, le set gagne en beauté à la tombé de la nuit ou les jeux de lumières et écrans géants sublime son set à merveille. L’après midi est chaude et belle mais la soirée lui sied bien mieux. Toujours une bonne prestation de cette jeune chanteuse qui a battu le pavé et qui a tourné depuis des mois en France comme ailleurs. Elle a bien mérité un repos salvateur et un retour au calme dans les studios pour donner suite à un premier album platinum.
Vald
Trublion de Rap Game je-m’en-foutiste actuel avec son boulanger et poto Biffty ou son fournisseur de sandwich l’Empereur du Sale, Lorenzo. Vald A.K.A « le Eminem français pour la médias dépassés » est las de cette comparaison et s’adonne au troll à merveille se jouant des sons comme des codes.
Présent à Arras pour défendre son blaze et son dernier opus « Agartha », c’est devant un jeune public déjà conquis que le bonhomme et son MC débarquent sans pressions sur une scène toute prête avec quelques écrans verticaux l’accompagnant dans son délire. Un démarrage en trombe prémisse d’une folie remplie de tubes , non Vald ne se drogue pas, ne fume pas, il n’est pas non plus un poisson. Showman branleur mais le rappeur contrôle son personnage et son flow, on est loin d’un clown ou d’une arnaque. Vald sous les attaques de son DJ dispose d’une belle capacité à renverser la foule. Ambianceur et influenceur, le garçon ballade son monde et envoi. Clôture en beauté sur le son de Dancefloor 90s « Dans le club » qui achèvera les plus affaiblis. Vald a une fois de plus retourné la foule avec une simplicité déconcertante, un exercice de style réussi pour un type tout sauf sérieux mais pro jusqu’au bout.
Die Antwoord
Médias priés de se faire absent, nous n’aurons pas d’images à vous retransmettre de Die Antwoord. Le groupe ultra graphique et créateur du Zef Style tout droit venue d’Afrique du Sud jouit d’une identité forte et d’une image de marque qu’ils désirent contrôler au plus près. Tournée Made In Banana brain sans réelles surprises pour ceux qui ont déjà pu admirer la folie de Yolandi et Ninja mais c’est pour beaucoup dans l’audience une première. L’occasion de croiser ces personnages presque fictifs, aperçus pour beaucoup dans le film de SF « Chappie » ou le duo incarne quasiment leurs propres rôles à l’écran. On a connu Die Antwoord il y’a des années, en première tournée Européenne avec un budget limité et avec plus de rages et de dents mais moins de tatouages de penis. Le groupe a depuis évolué et la mise en scène aussi, plus grandiloquente avec un Dj Hi-Tek qui fait le show, des écrans et des danseuses, le set y a gagné en intensité et le groupe est aujourd’hui aux portes du statut de tête d’affiche. Incompris pour certains, génie éléctro-kitsch et sur-créatifs pour d’autres, le trio ne laisse personne indifférent et est un superbe tremplin avant la grosse baffe de basses Major Lazerienne.
Bon … on va être honnête on a fait une sieste devant le live de Kungs qui était retransmis sur écran à l’espace presse. C’était cool et je me suis bien reposé (Big-up à toi coussin géant, mon dos te remercie à jamais). Le jeunot connaît ses platines à n’a rien à envier à bon nombre de pseudo gros nom de la scène actuelle qu’on à pu voir et se targue même d’un set à l’ancienne qui fait plaisir à entendre.
Major Lazer
Voilà on se réveille en speed, je cours vers la grande scène. Mais quel con, il va louper la tête d’affiche…Non ouf ! La tête d’affiche de ce jour voir du weekend si Radiohead n’était pas LE monstre sacré en son genre. Nous parlons bien du « collectif sonore » Jamaicano-Américain Major Lazer. Producteurs de tubes depuis des années et Hitmakers du single de l’été « Lean on », chacun de leur passage en France est un événement en soit. Après deux shows à l’americaine et tout en excentricités aux Eurockéennes de Belfort, on savait à quoi s’attendre et la formule si elle ne diffère pas, fonctionne toujours. Alors oui, en festival avec un verre dans le pif on se fait toujours avoir… Mince je passe un bon moment !
Avec une setlist réajustée mais qui n’oublie pas ses origines raggaeton, Major lazer propose toujours un show plus visuel et mobile. Fumigènes, écrans épileptiques, Airball, bazookas de t-shirts. Une ambiance EDM boîte de nuit caribéenne à ciel ouvert des grands soir qui va combler évidemment la majorité du public. Les plus pointilleux mettront en avant ce maquillage scénique pour pointer du doigt la faiblesse générale du set. Certes, nous ne sommes pas en Boiler Room et là n’est pas la question. Plus que de la musique, la promesse de Major Lazer est ici de faire de l’entertainment, comme Skrillex avec son vaisseau spatial en live. Le visuel prends autant le pas que le sonore. Ue arnaque pour certains, une incompréhension pour beaucoup mais un absolu nécessaire, une force vital de la scène EDM actuelle et un élément qu’a intégrer son public désormais.
Dirtyphonics
Clôture de soirée sur la GreenRoom ou les rescapés de la journée et de la tornade Major Lazer ont pu s’abandonner définitivement sur les violentes basses de cet EDM brutales et française cocorico !
Le duo de français arrive pépère sur stage et prends ses marques puis c’est le drame, le tabassage en règle démarre. C’est simple de mémoire de festivalier, je n’avais rarement perçu une telle puissance dans les basses à un concert en extérieur. Les quelques photographes présents sur le site comme moi même nous sommes mis de côté malgré nos protections tellement la projection sonore était forte, trop ! Une prière pour les jeunes inconscients des premiers rangs qui peuvent prendre rendez-vous chez Audika la semaine suivante. Si dirtyphonics jouit tout de même d’un écran avec des visuels abstraits et légers, on peut applaudir la sincérité du duo qui délivre un set sans temps-morts et contredit mon discours sur l’edm actuel ci-dessus pour Major Lazer en se focalisant sur l’objectif premier. Epuiser son audience, pour le meilleur mais aussi pour le pire selon son état, oscillant pour certains entre l’envie de ne jamais s’arrêter de faire la fête tandis ce que l’autre xanax en main se bouchera les oreilles et aura envie de passer à trépas. Pour ma part une excellente surprise et un beau déssert bien gras qui te cale le ventre et t’épuise comme un repas chez mamie, le samedi soir ici.