C’est une tradition au JDM : le dimanche offre une programmation plutôt accessible aux minots et favorise la venue des familles. L’édition 2021 n’y a pas dérogé !
Morik et la place du Kif en ouverture
Encore un talent local mis en avant par le JDM avec Morik. Comme pour Bobine de Cuivre, la grande scène s’offre à Morik dans le cadre du dispositif 54Tour. Car si l’auteur compositeur interprète est originaire de Guadeloupe, il est installé à Nancy depuis 2001. Que ce soit en Français ou en Créole, Morik distille une musique aux chauds accents caribéens et reggae. Les textes qui parlent du vivre ensemble, d’environnement et d’énergie positive révèlent son profond humanisme. Il a su échauffer le public, un peu lent à reprendre les déhanchements au troisième jour de fiesta ! La place du Kif qui lui a succédé a voulu aussi remettre en route un public « abîmé » par trois jours de retour en festival. Pas trop difficile de s’y remettre avec ces six musiciens au swing impeccable. Leur rock cuivré (trompette et saxo) fait mouche en n’hésitant pas à fricoter avec le ska, le rock et même le punk. Quant aux textes, ils ne font pas dans la dentelle : qu’ils dénoncent les ventes d’armes, la chasse aux sans-papiers ou qu’ils évoquent la prochaine présidentielle ! Nous, on se sent bien sur cette place-là !
La rue Kétanou : Les cigales de retour au Jardin
La « rue Ket » sera toujours un peu chez elle au JDM, elle qui participa à la première édition en 2005 au fond du jardin du Michel à Bulligny. Alors forcément les retrouvailles sont chaleureuses et impossible aux bourgeois du Toulois de ne pas entendre passer dans la rue, la parade de scandale des enfants de la balle ! Le public emporté par l’énergie qui se dégage de la scène s’est baladé chez les gitans, a chanté au son des accordéons et dansé avec les cigales. Et applaudi des deux mains lors de l’émouvante version d’Almarita, chanté en arabe, une des langues d’aujourd’hui, celles des Français d’origine, là-bas…quelque part. Un long bonheur partagé que ces retrouvailles.
Et que dire de l’invitation faite aux bénévoles de venir danser sur scène sur la chanson Chikungunia ! Trop chouette !
« Quand on passe à côté des autres, on passe à côté de soi-même ! » rappelle la Rue Kétanou. Alors que c’est si bon d’être ensemble dans votre Rue !
Tryo : Le poing levé, là-haut, si haut !
Tryo et le Jardin du Michel, c’est un partenariat solide, celui des gens de bien qui s’apprécient et se respectent. En diminuant généreusement leur cachet en ces temps de crise, ils ont montré leur passion à faire vivre la musique vivante.
Celle des territoires, celle des militants qui se battent pied à pied pour survivre face aux grosses machineries. Alors, c’était un vrai bonheur pour le JDM d’accueillir à nouveau Tryo, qui de quatre membres est passé à trois (après le départ de Manu Eveno) puis finalement à cinq avec l’arrivée d’un bassiste et d’un pianiste.
Profitant au passage de ce renouveau pour réécrire les arrangements de certaines chansons sans les dénaturer. Et le public n’a pas été dérouté par ce changement en retrouvant la ferveur des concerts de Tryo, faite de moments d’une chaleureuse connivence, d’émotions partagées, d’indignations implacables et de vraies rigolades ! Que l’on blâme les salauds qui pillent le cœur des femmes, que l’on s’époumone sur l’hymne de nos campagnes, que l’on frémisse devant l’immense drapeau LGBT agité par Christophe Mali après l’hommage à Brian Williamson, que l’on s’enflamme sur le superbe solo de batterie de Dianellito ou que l’on se déchaîne au moment de se quitter, sur désolé pour hier soir, le nouveau Tryo n’a aucun mal à poursuivre l’œuvre de l’ancien.
Quant aux morceaux du nouvel album « Chants de Bataille », ils nous ont rassuré sur la volonté de Tryo de garder le poing levé depuis vingt-cinq ans…là-haut, si haut !