LiveReport : Queens Of The Stone Age / Rockhal / 15.06.18

Queens Of The Stone Age

Josh Homme est un loup alpha pour l’Homme

Avant de rencontrer les reines du Rock sur la grande scène des Eurockéennes de Belfort, on a eu la chance, que dis-je le privilège, l’honneur ! Ok on abuse… de voir ce que pouvait donner la nouvelle scénographie de QOTSA 2.0 (version 2018) et les compositions de Villains en Live et en salle à la Rockhal du Luxembourg.

Qu’il est loin le temps des Generator Parties dans le désert Californien pour le padré Homme. Depuis la sortie de Like Clockwork en 2013 les Queens Of The Stone Age ont changé plus que de son, d’accordage mais surtout de gamme. Fini le steak californien bien gras, saignant et qui tiens au ventre. Là on est sur de la bonne entrecôte persillé. Une montée en gamme aussi bien technique que sonore et qui s’est concrétisé avec un clivage au sein des fans et un accueilli plutôt positif des critiques. Mais ce sont surtout de nouveaux fans à travers le monde qui ont permis au groupe de crever le plafond de verre du Stoner. Qu’on se le dise depuis la claque du « Supergroupe » Them Crooked Vultures, Homme a acquis un statut de légende du Rock et son groupe se permet désormais de se faire sans sourciller les zéniths et grosse salle du monde. Fini les venues de 2000, 3000 pelés en 2018 on peut voir de la Maton (la marque fétiche de Homme depuis des années maintenant) dans des salles avoisinant les 10 000 personnes. La faute à qui ou à quoi ? Era vulagris aussi, objet sonore de la bisbille, album mal-aimé, incompris pour beaucoup à été l’élément déclencheur de cette faille sysmo-sonore et le déclencheur d’une évolution musicale marquée de Josh Homme qui le poussera par la suite dans les bras d’une collaboration toujours unique actuel avec les gentlemans du Rock en provenance de Led Zeppelin et des Foo Fighters.  Le nouveau son fut.

Villains, le dernier album en date du groupe et produit par Mark Ronson,  est dans la continuité logique de Like Clockwork qui avait désarmé tout le monde à sa sortie. Tout en étant plus tourné vers la lumière que celui-ci, Villains étant un album qui se ressent, se vivant, et se dansant à l’image du premier titre qui fut teasé en 2017, The Way We Used To Do et son clip léché, une première à ce niveau pour QOTSA aussi bien en terme de budget que d’implication visuelle. C’est dire qu’on attendait de voir ce qu’aller donner les nouvelles perles groovy de quintet fou.

Démarrage dans le flou le plus total avec un bon quart d’heure après le chrono officiel. En introduction sonore du groupe, la bande originale d’Orange Mécanique. Sur scène les spots commencent à flasher, et l’on commence à comprendre le délire avec ces espèces de tiges flexibles à néons qui pullulent sur la scène. Les premières notes sombres  de  « Keep Your Eyes Peeled » résonnent tout à coup dans la rectangulaire salle luxembourgeoise qui affiche  un presque Sold-Out ce soir. L’une des pépites de l’album Like Clockwork apparaît comme un choix étonnant pour démarrer les hostilités, le titre lourd, poisseux et ma fois assez lent dispose de tempos changeants désarçonnant et cassant d’emblée le rythme. Encore plus étonnant l’enchaînement quasi-éclair avec « The Lost Art Of Keepin a Secret » , les deux-titres fonctionnent, on les adore mais le son n’est pas encore des plus agréables et on a vu mieux comme choix de démarrage de set-list (ndlr : La prestation du groupe aux Eurockéennes nous confirmera cela).

Il faudra attendre la 3ème chanson pour que l’on puisse savourer Live l’une des tracks du dernier album en date du groupe  Villains. Un combo gagnant avec le premier single The Way You Used To do It. La première grosse claque, le single Ronsonisé tabasse et la fosse se bouge enfin. Le groupe aussi se mets à se mouvoir et Troy entame une montée en puissance qui ne cessera le long du show. Le son lui aussi est enfin calé, le vrai spectacle commence enfin !

Passons notre regard avisé sur la scène. De taille moyenne, le groupe occupe toute la largeur de la scène qui est entrecoupée de stands verticaux à néons/leds ? Dont les socles à ressorts permettent de les bouger, donner des coups et prendre appuie sur ceux-ci ce que Troy et Josh ne tarderont pas à faire. Pas de fioritures au sol ou en l’air mais de belles lumières et un Lightshow oscillant entre l’envoutement et la crise d’épilepsie selon les tracks. Aucun reproche à ce niveau là. Après la tournée de Clockwork qui embarquait un énorme écran verticale projetant les beaux artworks de Boneface (auteur des pochettes des deux derniers albums en date), cette fois-ci le groupe reviens avec du straight in da face, un jeux de scène basique et des lumières au carré. Ce n’est pas pour nous déplaire.

Côté formation, sur la scène Josh Homme au centre restera relativement immobile durant la première moitié du set avant de se lâcher un peu plus et d’engager le dialogue avec son public. Toujours aussi charismatique, celui qui a fait l’objet ces derniers jours d’un Meme sur les internets avec un mix entre Trump et Neymar et sa nouvelle coupe, reste l’Elvis roux du Stoner. Personnage désormais culte et insaisissable, Homme est tantôt un Mâle Alpha jusqu’au bout des ongles, tantôt une diva. Le mec qui peut te déclarer sa flamme puis avoir envie de te foutre un pain dans la minute qui suis ou le pied plutôt…. Ces messieurs du public auront compris à leur dépends qu’il ne faut plutôt pas essayer de l’interrompre quand il prend la parole sur scène. Quand Homme parle, on essaye de l’écouter à défaut de pouvoir se taire.

A sa gauche Troy Van Leeuwen toujours en fringuant costume pète de classe comme à son habitude et est clairement le pilier de cette formation, pas celui rythmique mais bien celui qui tire le groupe vers le haut de par sa prestance, son jeux de scène et ses envolés soli, ses touches et pointes sonores inégalables. Devant lui une tour de contrôle de pédales et à travers ses doigts, un jeux d’orpailleur décousu. Le son QOTSA aujourd’hui c’est aussi lui. A la droite Michael Schuman à la basse. le plus jeune membre de la formation fêtera par ailleurs ce soir-là son anniversaire, repris en coeur par le public au passage. Ayant acquis depuis des années maintenant sa place, on ne s’imagine plus voir quelqu’un d’autres pour jouer Mexicola aux côtés du géant rouquin. Et comment oublier Dean Fertita l’autre mercenaire du Rock ? Dix années aux services de QOTSA mais aussi une partie intégrante des Dead Weather et du dernier Iggy Pop. Il est dans tous les bons coup et est un multi-instrumentiste hors-pairs. Enfin John Theodore, le membre plus récent (2013). Arrivé pour la tournée Clockwork en remplacement de Castillo à la batterie. Toujours efficace derrière les fûts, plus groovy que son prédécesseur. Mais nos cœurs se rappelleront toujours de Castillo et sa frappe de sac… une époque et un son différent…

On reviens au concert et à la Setlist, My God Is the Sun démarre. Pas notre préférée de Clockwork, mais à priori elle serait la chanson favorite à jouer de Josh Homme. Voilà prenez l’information et donc supposez-vous risquez de vous la farcir encore des années dans les setlist du groupe ! un bien un mail ? A vous de juger.  Autre surprise, le grincements de Sick, Sick, Sick  retentissent soudainement. La baffe de Era Vulgaris apparaît ici plus malsaine encore. Le titre est moins puissant qu’a l’accoutumée mais s’entrechoque avec les claviers synthétiques et maléfiques de Dean Fertita qui prouve ses atouts et ajoute sa sauce à la recette.

On remerciera le soldat inconnu du soir qui a eu l’utopique mais bonne idée de venir avec une banderole « Play Mexicola ». Après son speech sur la énième venue du groupe au Luxembourg (In Whiskey Veritas), Homme s’interrompt et explique à ce brave bonhomme que si cette banderole arrive jusqu’à lui, ils joueront Mexicola. Ni une, ni deux il aura fallu quelques secondes à ce bout de papier pour arriver sur scène et quelques secondes de plus pour que Schuman démarre le vrombissement de sa basse sur ce titre culte. Inattendu et classe. Grosse baffe, à ce moment on se dit « merde, Villains c’est sympa mais j’aimerai ma dose de Powerchord avec une Maton accordée en C ». Une Madeleine de proust californienne quoi.

Pas de Low-kick ce soir-là dans la barrière crash, les photographes sortiront indemnes ou du moins sonné par l’avalanche sonore de You Can’t Quit me Baby. Un son bon mais pas excellent non plus. On a entendu mieux mais cela reste un délicat plaisir que de pouvoir savourer du QOTSA et de percevoir aussi bien les guitares de Homme et de Troy. La batterie était cependant assez sèche et pas mal en avant. Rien à déclarer de négatifs du côté de Schuman qui a encore une fois, parfaitement fait le taff. Non le seul en deçà de son niveau habituel était le père Homme ce soir. La faute étant double, d’une part aux abus de reverb sur sa voix, qui sont pour le coup pas loin de gâcher les anciens titres du groupe. On était pas loin d’un son de salle de bain. Alors, ça fonctionne sur les pistes de Clockwork et Villains, moins sur du Little Sister par exemple. Et d’autres part, on a pas senti Josh en top forme ce soir là. Pourtant le garçon à du coffre et on le sait, maîtrise ses graves comme aigus. Ce soir-là pourtant il a eu quelques problèmes de placements notamment sur les nouvelles chansons. Petit coup de mou dans la tournée, ça peut arriver. Rien de catastrophique mais on l’a connu en meilleur forme et il nous prouvera quelques jours plus tard à Belfort qu’il est toujours le patron.

Le set déroule comme un repas dans votre restaurant préféré, c’est bon mais pas de surprise au menu.  Josh veux qu’on danse et demande comme à son habitude à la sécurité de foutre la paix aux gens désireux de s’ambiancer devant le band , invite à la débauche et aux vices de la vie encore ce soir là. Bacchus, Eros et Josh Homme même combat, on rajoutera Christina Cordula à la liste puisqu’il aura aussi quelques avis sur les tenues du premier rang. C’est déjà l’heure de la triplette finale ou presque (on aurait préféré voir Make It Wit Chu en amont et avoir ainsi une baffe d’une dizaine de minutes à la suite. Go With The Flow provoque le raz de marais attendu, quoique plus soft qu’à notre souvenir. Make it Wit Chu fait sortir les briquets 2.0 (aka les flash des smartphones) et se traîne en longueur sur les choeurs de l’audience du soir et le groupe nous laisse sur une faim de loup avec l’agonie A song for the dead. Et là c’est le moment ou l’on se rends compte que l’on a perdu la chance de se sentir « comme un millionaire », piste annulée pour un Mexicola. Why not both ?!

La setlist du soir :

  1. Keep Your Eyes Peeled
  2. The Lost Art of Keeping a secret
  3. Feet don’t Fail Me
  4. The Way You used To Do
  5. You Can’t Quit Me Baby
  6. No One Knows
  7. The Evil Has landed
  8. I sat by The Ocean
  9. My God Is the Sun
  10. Domesticated Animals
  11. If I Had a Tail
  12. Villains of Circumstance
  13. Little Sister
  14. Sick, Sick, Sick
  15. Mexicola
  16. Go With The Flow

Rappel:

  1. Make It Wit Chu
  2. A song for the Dead

Une setlist proprette de 18 chansons composée à 50% de Clockwork + Villains soit l’ère post-Vulgaris de QOTSA et qui plaira sans doutes moins aux fasn Stoner de la première heure ou à la Kyuss Fan-Base. Le reste optant bien évidemment vers la ré-interprétation des classiques des disques cultes que sont Songs for the deaf, Lullabies, R et l’album éponyme.

Au final QOTSA, assure toujours autant le pâté. Des setlists moins explosives, plus inclusives, intimistes et pour notre grand plaisir épiques. Sans être excellent le groupe a délivré une superbe prestation, maîtrisé avec des tessitures sonores uniques. Et avec deux timoniers à bord désormais, un petit bémol de Josh peut être rattrapé par le génie de Troy.

Beaucoup raille l’évolution de QOTSA (comme ça à pu l’être pour le cas d’un Mastodon tout aussi récemment), nonobstant le groupe a réussi à garder un succès critique intact tout en élargissant sa palette sonore et en continuant à proposer quelque chose d’unique et d’intacte. On garde la maison, mais on change les meubles en plus clinquant. Tout en évitant de devenir une caricature de Desert Rock et à élargir son audience en même temps que les émotions retranscrites, et pour ça chapeau ! QOTSA, ça reste un groupe de scène et même mieux, de festivals. Un immanquable à voir quand il tourne près de chez vous. Du gros son, sensible, chantant et dansant. Et c’est bien trop rare comme statut pour une tête d’affiche Rock.

On va quand même en parler rapidement, petit bémol, le prix des places ! A presque 60 euros le billet sur certaines dates pour le groupe en Europe cet été va falloir faire attention au melon et à l’inflation…

QOTSA en Europe c’est fini pour 2018. Le groupe a décollé vers les Etats-Unis pour la seconde partie de la tournée. Un second round en France à nouveau l’année prochaine est envisageable… en août ? Rock en Seine ?