LiveReport / Main Square 2019 / Vendredi 05 Juillet

Épisode 01 : L’éveil de la Foule

A peine arrivé sur les terres nordiques de la vieille France, c’est sur les pavés trébuchants et bientôt sonnants que nous foulons nos premiers pas dans le « Haut-Carré » de ce qui se présente aujourd’hui plus que jamais, comme le plus gros Festival Généraliste du Nord de la France. Qui donc ? Le Main Square d’Arras évidemment !

Une tradition festive depuis une quinzaine d’années et un passage sous le giron Live Nation qui n’a pas empêché la poursuite d’un succès « local ». De nombreux Nordistes dans la foule mais pas que, puisque ce rendez-vous incontournable du 1er Weekend de Juillet est désormais l’un des points d’encrage important de la culture festival en France. Point d’encrage dans un week-end chargé en événements puisque celui-ci se partage l’affiche hexagonale avec notamment les Eurockéennes, le Beauregard et le petit nouveau qui fait grand bruit chez les voisins Belges, les Ardentes. Bagarre de noms, bagarre de dates mais au final le Main Square s’est extirpé de cette saison 2019 avec non pas le feu aux fesses mais bien les feux au vert !

Les chiffres qui ne mentent pas. Le Main Square c’est quasiment 50 artistes qui se partagent l’affiche sur 3 jours. 125 000, soit le nombre de festivaliers présents cette année. Edition qui à peine terminée fut proclamée comme historique par le festival, logique. Un Sold-Out Complet sur 3 jours et une édition 2020 reconduite dans le vert et la bonne humeur les 3/4 et 5 Juillet 2020. Save the Date ! La Formule est trouvée, le public est acquis et nous sommes aujourd’hui dans des ajustements mineurs pour la suite.

la Citadelle d’Arras, la place la plus dense de France le temps de 3 soirées  !

Comme un parfum d’anniversaire important

Après un passage lors de l’édition 2017′ (Remember les ballons de Major Lazer), on est donc revenu à la Cultissime Citadelle d’Arras pour vivre les 3 jours de festivités cette fois-ci. Une question d’authenticité et aussi histoire de se forger un avis plus complet sur ce festival et jauger le soleil au Nord sur un maître étalon acceptable de 3×24 heures, sinon rien !

Un premier regard global sur la programmation. Faisant écho à nos précédents propos, celle-ci est désormais « On Tracks » et n’a pas bougé globalement dans son « squelette ». Oscillant entre les rythmes électro, les sonorités Pop voir très Rock par moment, la colonne vertébrale du géant des Flan…euh des Hauts de France pardon, se veut résolument éclectique et terriblement d’actualité. Si une bonne moitié de l’affiche est ouvertement orientée aux artistes plus FM et dont les singles trustent les charts Européens ou les plateaux Live Nation. Il est très plaisant de voir que le festival n’a pas oublié de programmer des pépites de sous-genres musicaux et quelques coups de cœur. On pense à nos adorables Punk de la perfide Albion d‘Idles ou de Shame. Mais aussi ou du côté de l’Electro avec le set ultra classe d’Arnaud Rebotini. Même un petit Jonathan Wilson ou encore les Editors ça n’était pas le choix de facilité et l’évidence à programmer, ça ne mange pas de pain et ça nourrit l’âme !

New ! With extra cheese inside !

Les nouveautés de cette année. Couplées à la programmation et en supplément « scénique », à côté de l’infatigable binôme que sont les scènes Main Stage et GreenRoom, nous avons eu droit en 2019 à l’inauguration d’une troisième « petite » scène officielle. Portant le doux nom du Bastion, celle-ci qui fera la part belle aux artistes locaux. CQFD avec des artistes des Hauts-de-France inside ! Finalement cette zone s’apparentera pour beaucoup lors de ce long  weekend comme l’un des espaces de quiétude, de repos entre deux concerts. Le genre d’endroit pour décompresser bière à la main et savourer des découvertes sans l’effet « Winrar » lié à cette foule très dense. On approuve, on aime et on souhaiterait que le Main Square programme plus de « Petits » ou « Middles » à son affiche et élargisse son spectre en dehors de ces deux géants. On est sur la bonne voie…

Pas loin dans ce coin là, on oubliera pas de mentionner deux précieux amis du weekend (non pas l’ami Ricoré) mais « el famoso » Bar à eau. Fontaine des désirs en ce weekend de chaleur. Et l’autre grosse nouveauté, la « Grande Roue » qui bien que sympathique mériterait des couleurs un chouilla plus sexy et une taille… un chouilla plus importante. Parce que ouai, du monde à Arras y’en a un petit paquet, donc va falloir rajouter du mètre (25 environ toute de même) si vous souhaitez spotted votre cousine à l’autre bout du site ! N’ayant rien à envier au Hellfest côté « Accro-Brancherie », on trouvera aussi du côté du Bastion (à ne pas confondre avec Bastien qui est entrain d’imiter Dj Snake), une tyrolienne, des stands locaux, du DIY et des démonstrations et sensibilisations Eco-friendly. Un grand classique et un incontournable du genre dans notre paysage de festivaliers. Enfin, absentes lors de notre venue en 2017, on a découvert les cabanes de la GreenRoom. Plutôt stylées, on a apprécié l’ambiance et la déco très « Jungle ». Plus de verdures, plus d’activités annexes, on est une nouvelle fois sur… la bonne voie !

Assez parlé du site (nous  reviendrons plus en détails sur ces éléments lors de notre Bilan du weekend à l’occasion de la 3ème et dernière journée). Première étape obligatoire avant les concerts. On laisse sa bourse d’or à la maison et on fait une première fois la queue pour aller charger son bracelet Cashless (paiement sans contact). Alors on va pas se la faire à l’envers, la queue peut-être longue si vous venez aux heures de pointes ou à l’ouverture. Finalement, mieux vaut charger une bonne quantité dès le départ et se mettre « tranquillou-bilou » pour les 3 jours et profiter du remboursement (dont la date de clôture avait lieu le 22 Juillet). Et c’est parti, à toi les joies des grillades et du houblon !

Bracelet chargé, on arrive sur la fin du set de Caravan Palace dont le set electro-jazz des plus dansants semble déjà avoir fait transpirer les premières rangées et motiver celles-suivantes à emboîter le pas.

Lizzo

Première grosse claque de la journée avec l’Américaine Lizzo qui avait déjà fait sensation avec son Body Nike Rose Fluo au TINALS à Nîmes au mois de Mai. Beyonce, gare à tes fesses ! On s’était pas rendu compte du succès entre temps suite à la sortie de single Juice. Repris largement par l’audience ce soir, étonné de voir que le public français commence à connaître par cœur ses pistes. Une patate, un smoothie vitaminé, Lizzo qui trimballe des centaines de dates derrière elle est tout sauf une parvenue ou une « Newcomer » et elle le prouve sur scène. Après de multiples projets l’américaine voit enfin la lumière et reçoit le succès public qu’elle mérite et ça c’est cool ! Avec Cuz I love You, carton et hymne à la tolérance/acceptation, les tracks portée par des chorégraphies aussi nineties que ses sons prennent vie sur scène. Difficile de reprocher quoi-que ce soit à son Set, finalement trop court !
Une musique puissante, dansante et aussi bienfaisante que positiviste. Il nous fallait ça pour bien démarrer la journée !

Miles Kane

Changement soudain d’ambiance (et ce sera le cas toute la journée) avec Miles Kane. Un costume, un Bob et des peintures de guerre. C’est en mode Van Pelt (le chasseur de Jumanji, mais si ! ) / touriste anglais de ton camping, que débarque guitare en main le britannique sur la grande place. En digne représentant de l’instrument à 6 cordes et songwriter de ce vendredi, à la vue des premières réactions, on se dit que ce n’était peut-être pas le bon endroit ni le bon public (trop jeune sans doute) pour l’artiste pour l’artiste qui, malgré un dernier album en demi-teinte, reste l’une des références Rock UK. Des applaudissements encore timides dans la foule au démarrage puis le set d’une bonne dizaine de titres ravira les amateurs de Rock et les curieux venu là en attendant le père Damso. Car heureusement, Miles n’a pas oublié sa discographie fournie et balancera un set très typé, forcément Rock et accompagné d’anciens titres et forcément ceux de Coup de Grace sa dernière galette.  Voilà, Miles on est désolé on t’adore mais revient bosser sur un disque des Last Shadow Puppets stp !

Damso

Lithopédion aura beau avoir été l’un des plus gros succès de 2018, on ne peut pas dire que la dernière tournée du Rappeur fut une réussite d’un point de vu retour public. C’est dire que la prestation de Damso a Arras était attendue ! T-shirt blanc, pantalon jaune (décidément il y a un DressCode ce vendredi) et chaine en or balbutiante, c’est en solo et sur Autotune (tout un symbole) qu’arrive tranquillement le rappeur belge. Malgré des basses omniprésentes et un son pas toujours au top, on a quand même noté une prise de confiance de l’artiste avec son micro, son flow mais aussi vis à vis de la foule. Le flow si particulier de Damso était sur scène, en 2018, ce qui lui faisait aussi défaut. Comme un acte de présence limitant le jeu de l’artiste de par ses sons. Le set sera aussi enrichis set de ses collaborations les plus récentes comme quelques perles d’Ipséité. Il y a clairement du mieux dans la présence comme dans le chant, mais Damso paraît toujours aussi seul avec cette scénographie proche du néant, pas aidé par un passage en plein jour qui nuira sans doute à son lightshow.

Angèle

Alors que le Set de Damso se finissait, voilà qu’une autre belge démarrait ses vocalises sur la GreenRoom juste à côté, provoquant un mouvement de foule. Cas de conscience et Bis Répétita pour Angèle. On ne sait pourquoi, la jeune révélation incontestable de la chanson française 2018 puis 2019 est cet été programmée dans de nombreux festivals, mais pas sur les Main Stage (sur les GreenRoom d’ailleurs… ça mérite enquête !). Tête d’affiche incontestable du public ado’ et familial, il était à prévoir que ce soit la cohue pour la voir ce weekend. Ce fut bien évidemment encore une fois le cas ici, comme pour les Eurockéennes un petit jour après, il fut difficile de la voir dans de bonnes conditions sans s’y être bien bien en avance ou à défaut, de se sentir compressé par des centaines de personnes. Alors pourquoi donc la rétrograder sur la deuxième scène ? Malgré cette grande ouverture entre les deux scènes principales on va pas se mentir c’était tendu et on pense que le service de la sécurité à du transpirer quelques grosses gouttes… De facto, on a pas pu tout voir du Set d’Angèle, ou de moins de loin comme de trop nombreuses personnes venue parfois surtout pour elle en ce vendredi. Une prestation « mimi » (oui c’est le premier mot qui vient à l’esprit) et une aisance déjà palpable malgré quelques petites injustesses qu’on excusera de par les chorégraphies. Aller c’est sa première vraie saison des festivals…On la reverra dans de meilleures conditions. « J’espère que ça leur servira de leçon » indiquera la jeune Belge avant de finir son dernier single « Balance ton quoi » largement repris en cœur par le public d’Arras qui aurait clairement pu chanter à sa place 3/4 des titres…. Elle reviendra sur la Main Stage dans deux ans… on en mets notre main à couper !

Christine & The Queens

On va pas se le cacher, nous ne sommes pas le premier public ni les plus grands fans du  monde de celle qui se fait désormais appeler Chris. Mais force est de constater que Christine sait-ou elle va ne se moque de personne lors de ses prestations scéniques. Des chorégraphie parfaitement maîtrisées et des vocalises foutrement bien placées le long du set. Elle impressionne durant l’heure de show en tenant bon une setlist presque « Sitcomesque » avec une véritable troupe de performeurs à ses côtés. Une succession de tubes entremêlés de dialogues et de micro-sketchs avec le public et ses partenaires. Chris est un personnage qui peut déplaire sur le papier ou sur CD mais qui est une véritable Showoman crévant l’écran. Verbale, mobile et de plus en plus dévêtue à mesure que le show se poursuis. Christine kiffe ce qu’elle fait et ça se ressent. Elle s’est même permise de reprendre un tube de « LA Céline », OKLM, sans malaise. A l’inverse d’un Damso, elle cristallise tous les éléments qui permettent de « remplir » le vide, la scène et va au delà du simple « mouillage de maillot ».

Cypress Hill

Insane In The Square ! Odeur de feuilles à 5 branches et symbole d’une génération à l’horizon. La soirée se poursuit avec ce qui aurait pu être il y a quelques années comme LA tête d’affiche du jour, voir du festival tout entier. Cypress Hill sont venus en survet’ tout droit de la Californie. Du freestyle, du Djying’ et de la percu’ latine pour varier les saveurs, difficile de faire la fine bouche sur le maître d’œuvre des américain qui reste accessible et dansant pour le profane. Entre les parois opaques du Rap, du Rock et des sons latino’ les Cypress règnent en maître sur un domaine Stoner non identifié depuis des années. Inimitable, incontournable, la fête ne se refuse pas. Même s’il souffre de la comparaison avec la prestation commune des compères des Prophets Of Rage, les Cypress vieillissent tout de même plutôt bien et peuvent arborer fièrement un set en mode Best-Of reprenant l’intégralité des tubes de leur carrière. Une solution de facilité certes, mais bon… avouons-le on attends de beugler sur les hits pas les Face-B hein. On est pas Loco !

DJ Snake

Qu’on le veuille ou non, DJ Snake s’est imposé depuis son single en featuring avec Major Lazer (Lean On bien entendu) comme le nouveau roi de la scène électronique française à l’internationale. Cumulant un nombre croissant de compo’ avec des stars internationales, le natif du Val d’Oise est aujourd’hui une star mondiale et a livrée ce soir là un set dantesque. Cotillons, explosions, visuels de feux, un show à l’américaine et teinté de sonorités lorgnant aussi bien du côté de l’EDM « traditionnelle » que des remix originaux et des sons Trap. Mais c’est surtout avec une grosse pré-dominance de remix Dubstep que le français bastonnera son public déjà conquis lui aussi. Prédateur des platines, le DJ a dropé sa mue et forme la bonne surprise de la soirée dont on redoutait un set redondant voir carrément prétentieux.

Charlotte de Witte

La Belgique encore une fois en clôture de cette première journée de festival, comme pour sceller ce pacte officieux et binational. Alors qu’à côté la voisine, Charlotte de Witte commence à faire vrombir ses platines à coup de Kick et de basses bien percutantes (on pense que les gantois ont du l’entendre aussi). Prestation bonus pour les survivants post-DJ Snake et amoureux de l’électro de clubs et technophiles non rassasié par le show sur la Main Stage. In fine, c’est l’acide dans nos jambes de faibles plus que les basses tonitruantes qui nous invite à nous rapprocher de la sortie en empoignant notre copain de beuverie de proximité pour atteindre péniblement ce qu’on appellera « la rue », ou « le retour à la réalité ». Compliqué que ce retour.

Après une longue journée, on décide tranquillement de prendre le chemin du retour jusqu’à l’hôtel après des heures de route dans les pattes et des heures de décibels dans les oreilles. Direction les bras de Morphée pour un repos bien mérité avant d’entamer la deuxième journée du Main Square.

Un grand merci aux équipes du Main Square Festival

Crédit photos officielles : Nicko Guihal