Soirée Blues du NJP 2016: Sweet home Nancy!

La soirée blues du NJP 2016 avait une nette coloration frenchie avec les Bootleggers et Raphaël Imbert, avant le très américain Lucky Peterson.
Les amateurs auraient pu s’interroger sur une programmation qui faisait la part belle aux musiciens français, mais pas de déceptions pour les puristes. Du Delta à l’Alabama, de la Nouvelle-Orléans à New-York en passant par la route 66, la soirée a tenu ses promesses et le chapiteau nancéien a vogué outre-atlantique avec bonheur au cours d’une soirée d’une belle cohérence musicale.

Les Bootlegers : Le rock, made in France !

Depuis presque trente ans qu’ils écument les scènes, les Bootleggers ont ouvert la soirée en vieux cow-boys habitués à chauffer les salles pour les pointures du blues-rock. Avec eux pas d’ambiguïtés, on s’envole direct pour les Sud des States au son de la voix chaude de Didier Céré, le chanteur aux superbes santiags bicolores. Le détail made in USA, très classe ! La classe, elle est aussi sur scène avec un bon rock aux riffs et solos de guitare parfaitement maitrisés. Quelques incursions country n’ont pas déplu à un auditoire, tolérant à souhait, pourvu qu’on le balade dans des prairies proches de celles qui ont vu éclore le blues. Et puis, il y a une telle authenticité sur scène, dégagée par ces quinquas qui ne font pas dans la dentelle, que le public ne peut que suivre leurs vibrations et se régaler des décibels énergiques balancés par les gaillards. Avant de terminer par un « Sweet Home Alabama », repris en chœur, pour clore un set qui a mis le chapiteau en marche sur la route 66…

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Du bon vieux rock de derrière les fagots, en ouverture de soirée

Raphaël Imbert & C° : Maitre Raphaël en prof d’Humanité.

Raphaël Imbert, musicien jazz difficilement classable, a conquis le public avec son projet « Music in my Home ».

njp-2016-64Maitre Raphaël, virtuose du saxo

Une maison dans laquelle les invités ont su créer une belle émotion et où chacun se sentait reçu par un maitre de maison impressionnant de maitrise au saxo. Dommage qu’une coupure de courant ait gâché l’envolée dès le troisième morceau alors que Dawn, chanteuse à la voix envoûtante, venait de rendre hommage à Paul Robson dans un chant de lutte anti-fasciste émouvant. Mais il en fallait plus pour décontenancer Raphaël Imbert qui a bravé ce coup du sort en improvisant dans la pénombre un improbable concert acoustique avec Dawn au porte-voix.

njp-2016-88Ambiance pénombre et impro en acoustique pour la belle Dawn et Raphaël Imbert

Et lorsque le spectacle a enfin repris, après une demi-heure d’interruption, la compagnie a vite su se jouer des impondérables et reconquérir le public pour l’entraîner sur les chemins du Sud Américain. Big Ron Hunter venu de sa Caroline du Nord et Alabama Slim de la Nouvelle-Orléans ont fait leur entrée sur scène pour se joindre à la joyeuse compagnie, où Anne Paceo aux drums n’est pas la dernière à pousser le maestro dans ses retranchements. Et les échanges guitares saxo ont revisité le blues, le vrai, celui qui transpire la douleur et la mélancolie, comme lorsque Alabama Slim fit pleurer sa guitare pour raconter l’ouragan Katrina qui lui tout pris un jour de 2005 à New-Orleans.

njp-2016-100Alabama Slim et Big Ron Hunter, invités de choix du projet « Music is my home »

En ouvrant sa maison à tous les vents du blues, sur scène, Prof Raphaël nous a donné une superbe leçon d’Humanité où jeunes, vieux, hommes, femmes, noirs, blancs sont tous embarqué dans la même galère, celle de la Vie, du Blues et de cette musique qui parle directement à l’Âme.

Lucky Peterson : The son of Nancy !

Aux Nancy Jazz Pulsations, Lucky Peterson joue un peu à domicile, lui qui fit sa première prestation sous les cieux lorrains en 1993 et y est revenu régulièrement. Depuis ces débuts, il a pris un peu d’embonpoint mais n’a rien perdu de sa fougue et de sa folie sur scène…ou directement dans la salle ! Délaissant ses (excellents) musiciens, il est resté de longues minutes dans la fosse, entouré d’un public enthousiaste, pour une improvisation à la guitare dont il a le secret.

Jusque-là, c’était plutôt à l’orgue qu’il s’était exprimé sur son historique orgue Hammond qu’il sait faire chauffer à blanc dans des reprises ou sur des compositions originales dont celles extraites de son dernier opus « The son of a bluesman ». Avec Lucky, on passe du Blues contemporain à celui des origines dans le même tempo, sans y perdre son âme, qui reste bien ancrée à la musique bleue. Avec autour de lui, une équipe de choc, sans cuivre ni chœur pour cette soirée, mais avec Shawn Kellerman à la guitare, Thimoty Waltes à la basse, Xavier Jackson aux (autres) claviers et Raul Valdes à la batterie.

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Lucky Peterson: Du bonheur d’être ensemble !

Pendant près de deux heures, le public a suivi le retour de ce fils prodigue à la voix toujours aussi transcendante et aussi à l’aise à l’orgue qu’à la guitare. Et les nancéiens se souviendront longtemps des Pulsations de ce long rappel où ils ont pu réviser leurs classiques d’Happy Day à Purple Rain comme on le ferait à la fin d’une belle fiesta entre copains.

Reviens quand tu veux « at home », Lucky, tu es ici chez toi !