Suite à la claque prise à Reims, on a profité du second passage de Thee Oh Sees dans le Grand-Est pour aller les voir et découvrir la fraîche et pimpante salle de La Boîte à Musique, dite la BAM à Metz.
La petite histoire
Après un dédale dans la cité Messine, apparaît d’un coup d’un seul ce bloc d’architecte tout neuf qui dénote dans le décor général du « Grand Domaine ». La salle de La Boîte à Musique nous paraît d’emblée toute neuve, ou du moins pas loin. Un béton blanc lisse qui se pare de lumières le soir, intégrant à son architecture sa volonté de rayonnement culturel au plein coeur d’une zone d’habitation à majorité de composition de logements sociaux. Celle-ci n’a ouvert ses portes que fin 2014, terminant ainsi une 3ème saison avec une programmation aussi éclectique que fédératrice. Construite de manière complémentaire avec celle des Trinitaires, elle accueille aussi bien des artistes internationaux, que des projets locaux, musicaux et festivals, profitant au passage de sa place au « carrefour » de l’Europe de l’Ouest pour grappiller quelques têtes d’affiches de transition entre deux dates de festivals. Mais c’est véritablement la recherche d’artistes à mettre en avant, des pépites à découvrir qui semble fonder la ligne directrice de la programmation.
Essentiellement centrée sur sa salle de concert, la BAM accueille dans un espace tout aussi neuf et bien aménagé, un maximum de 1100 visiteurs par soir. Salle à modulation selon l’évènement, celle-ci dispose de deux balcons latéraux et une accessibilité aux normes. Une taille raisonnable et « humaine » de SMAC mais ou l’espace ne fait pas défaut et dont les équipements sonores et scéniques récents font honneurs aux prestations musicales et aux oreilles des spectateurs.
Mdou Moctar (première partie)
Un peu plus d’une semaine après leur prestation remarquée au Pelpass Festival, on retrouve avec plaisir Mdou Moctar cette fois-ci en salle, dans de bien meilleurs conditions. Trio fer de lance d’une scène Rock Touareg en constante expansion, le groupe est en réalité la création de son frontman du même nom, le Nigérien M.Dou Mouktar. Si aujourd’hui le groupe se targue de jouer sur des scènes Européennes au même titre que le Group Doueh, Bombino ou les Tinariwen. Pendant ses premières années d’activités celui-ci s’est présenté comme un « simple groupe de Mariages » reprenant à ce titre les thématiques de l’amour, de la paix mais aussi de leur religion, l’Islam. Mais Mouktar et ses comparses n’ont gagné estime à l’internationale qu’après leur second album paru en 2013 et ont développé en même temps un style si particulier. Mêlant aussi bien du chant traditionnel touareg à des tempos rythmiques Bluesy. Des gammes arabes entremêlés de guitares embrasant volontiers par moment des saturations poussives et honorant à sa manière, les feux génies, Hendrix et Prince. Le tout en habit traditionnel sur scène.
Curiosité si l’en est, le choix de cette première partie ne doit rien au hasard. Les relents psychédéliques insufflés par le choix des gammes et le BPM soutenu du batteur font de Mdou Moctar un excellent tour de chauffe. Un dépaysement rafraîchissant comme un thé chaud à la menthe avant le plat principal sauce Californienne. Avec un set d’une longueur appréciable pour une première partie et un bien meilleur son qu’en festival, le groupe a donné place à une prestation presque sans transitions et à fait découvrir le fameux « Sahel Sounds ». Si une certaine redondance de par la rythmique toujours dans les mêmes tempos s’est faite ressentir et que les gammes utilisées par Mdou avaient elles aussi leurs limites. On ne peut que constater la qualité du trio à tenir la baraque et d’admirer les talents autodidactes du frontman à la guitare. Véritable maître de son style, celui-ci délivre un jeux en Picking débridé et sauvage, n’hésitant pas à s’entacher d’envolées lunaires lors de solos ne tournant pas pour une fois ni à la pentatonique, ni à la démonstration masturbatoire. On a passé un bon moment devant et le public semble y avoir trouvé son compte, saluant comme il se doit le trio venu de loin. Sans réel moment de folie non plus, dans le cadre d’une session découverte cette première partie orienté « World Music » est cependant une bonne proposition pour un public dont on connaît déjà la qualité. Vu que celui-ci vient voir le meilleur groupe du monde de la terre en même temps…Thee Oh Sees.
Hop, le temps de prendre une bière au bar et on retourne dans la salle pour être à l’heure et rien rater, même pas les balances…
Thee Oh Sees
Voilà on y est. La soirée était enfin l’occasion de voir Thee Oh Sees dans une salle en France. Une première pour nous, et le second show de l’année après leur passage à La Magnifique Society à Reims le mois dernier. Groupe nomade, Thee Oh Sees est in fine le projet d’un homme, et quel homme, le stakhanoviste discret John Dwyer. Musicien hyperactif de la scène Garage/Punk/Psychédélique depuis 20 ans déjà, il a acquis au même titre qu’un Ty Segall ses lettres de noblesses du genre à l’international en promouvant de multiples projets sonores. Sans concessions mais évoquant sans cesses San Francisco et une liberté musicale sans égales. Appliquant à sa formation phare un nouveau Line-up depuis 3 albums comprenant désormais un set avec deux batteurs, Thee Oh Sees est un serpent, une hydre naviguant dans des eaux multicolores et troubles. Du jour au lendemain la formation est capable de pondre de nouvelles pépites sur scènes. Dernier exemple en date, le lendemain de leur prestation à La BAM, le groupe annoncera officiellement la parution d’un nouvel album à venir « Orc« , à paraître le 25 Août bien évidemment chez CastleFace Records, le label de John Dwyer. Mais surtout le changement officiel du nom du groupe, passant de « Thee Oh Sees » à simplement « Oh Sees » et dévoilant au passage leur dernier son en date « Static God », qu’ils présenteront devant nous ce même soir et dont vous pouvez entendre la douce folie ici.