Nous avons eu le plaisir d’interviewer Naâman, artiste reggae qui en quelques années, s’est imposé comme l’un des poids lourd du Reggae Européen. Un disque d’or, plus de 500 000 followers cumulés et quelques plus de 100 millions de vues sur ses différents clips, c’est entre l’Inde et la France que vit Naâman. Entre deux concerts de sa tournée de retrouvaille avec le public, nous avons pu échanger sur sa vision de la musique, et ce nouveau single une ballade reggae, écrite en Inde, sous le soleil de Goa. «Sunrise Of India», une chanson apaisante, qui prend son temps et qui contraste avec la course au succès qui nous est inculquée.
JLF : Bonjour Naâman, beaucoup de nos lecteurs te connaissent pour être un habitué des scènes de festivals, tu as donné plus de 300 concerts dans le monde entier depuis la sortie de ton premier album. On sort d’une période inouïe pour les artistes comme pour les festivaliers, tu viens d’annoncer tes premières dates en Europe, d’où ma première question : qu’est ce que ca fait autant de temps sans voir la scène, le public – au moins en Europe – et comment as tu vécu cette période ?
Naâman : Le fait de ne pas tourner pendant deux ans à été une véritable expérience qui m’a fait beaucoup de bien. Bien sûr la scène et mon équipe m’ont manqué terriblement, mais d’autres choses ont pu voir le jour grâce au temps soudainement disponible. Je pense que beaucoup d’artistes ont passé du temps en studio et je suis curieux de voir dans quelle mesure la situation a pu affecter la créativité de chacun.
JLF : Qu’est ce que ça change de vivre en Inde, à Goa par rapport à la Normandie ?
Naâman : Ça serait évidement très long de lister les différences entre ces deux endroits. Je dirais juste que le soleil est là presque toute l’année, la nature est riche de merveilles que je ne connaissais pas avant. Le chaos ambiant qui règne en Inde permet une certaine liberté individuelle ; tout n’est pas toujours prévu, tout n’est pas toujours réglementé. Ça laisse de la place à quelque chose de beau et spontané. Bien sûr il y a des choses à y faire concernant l’environnement, le social… mais tout doucement les choses s’améliorent. Je pense surtout à mes amis musiciens dont la vie est bien moins facile qu’en France. Les aides de l’état français permettent vraiment à la musique de perdurer chez nous. L’Inde a encore un long chemin avant d’offrir aux musiciens et artistes un minimum de stabilité.
JLF : On sent dans ce morceau que tu veux lancer la réflexion, inspirer et amener à la réflexion sur soi-même, d’où te vient cette envie ?
Naâman : Ce morceau est détaché de toute ambition, il est né d’un sentiment simple de liberté dans laquelle la responsabilité s’efface. Il n’est pas de notre ressort de changer le monde, notre amour pour l’Existence suffit a faire ce changement de perspective dont chacun a besoin afin de voir le monde tel qu’il est : parfait.
Il y a un vrai contrepied des artistes occidentaux dans ta vision, on sent ton envie de proximité avec le public là où d’autres artistes cultivent plus la distance.
Quel est ton rapport avec ta position d’artiste ?
Naâman : Les choses se font naturellement, je n’ai rien à protéger comme je n’ai rien à prouver je ne suis pas dans le show business, mon public est un public de festival, de concert, de rassemblement. Je fais ce que j’aime avec les gens que j’aime. La musique n’est qu’une petite facette de ce qui m’anime, et je suis heureux d’avoir quelque chose à offrir.
On a entendu plusieurs nouveaux morceaux acoustiques sortir ces derniers temps, est ce qu’il y a une volonté de retour à la simplicité là où tes dernières productions étaient plus travaillées ?
Je pense notamment au feat avec BigFlo et Oli, ou encore l’album Beyond où les productions sont assez différentes d’un piano/voix.
Naâman : En Inde je suis entouré de super musiciens qui maîtrisent l’acoustique. C’était l’endroit idéal pour filmer et enregistrer quelques morceaux. La distance qui s’est créé avec la situation sanitaire m’a poussé à retrouver une certaine intimité que les sessions acoustiques permettent.
Merci à Naâman pour son temps, et à son équipe pour la réalisation de cette interview. Retrouvez Naâman en tournée cet été sur une dizaine de dates, dont notre préférée : Le Jardin du Michel en septembre !
ndlr : retrouver une des premières sessions acoustiques de Naâman (et de l’équipe) tournée en 2013 ici