Festival Blues Express : Au Luxembourg, le blues a bonne mine !

Avec 45 groupes et 11 lieux de concerts, le Blues Express propose une nuit entièrement dédiée au blues à Differdange au Luxembourg, à quelques encablures de la frontière avec la France. La formule qui navigue entre festival, kermesse et mémoire industrielle réunit des milliers de spectateurs début juillet depuis 12 ans. Le tout sur un site des plus étonnants: celui de l’ancienne mine de fer de Lasauvage et sa gare ferroviaire du Fonds de Gras.

Revenir aux sources du blues

Les fondateurs de ce festival ont-ils voulu établir un lien entre la difficile condition ouvrière des mineurs de fer et celle peu enviable des premiers bluesmen ? Ont-ils souhaité revenir aux sources du blues et des chants originels des travailleurs et esclaves ? Toujours est-il que cette musique populaire trouve sur l’ancien carreau de mine de Lasauvage un décor à sa mesure pour un festival foisonnant où groupes locaux côtoient les pointures internationales dans un programme surchargé d’une quarantaine de concerts en une seule soirée, sans compter ceux des six groupes mobiles qui déambulent dans les allées.

Les concerts ont lieu sur deux sites séparés de quelques kilomètres : celui de l’ancien carreau de mine entouré des cités ouvrières de Lasauvage et celui de l’ancienne gare du Fond-de-gras d’où partaient les trains de minerai. C’est là que nous sommes arrivés à bord du Blues Express, un train à vapeur 1900 en provenance de la gare de Pétange. Sympathique entrée en matière pour découvrir les premières notes bluesy sur le quai de la gare avec les Luxembourgeois de Meander qui ont un peu bousculé leur répertoire jazz pour quelques reprises blues.

N°1 : En voiture dans le Blues Express

N°1 : En voiture dans le Blues Express

Quelques dizaine de mètres plus loin, rencontre avec le one man band de Philippe Ménard. Seul sous son petit auvent, il reprend une tradition ancestrale dans laquelle un seul musicien assurait à la fois la guitare, l’harmonica et les percussions. Des classiques historiques (Blind Gary Davis, Big Bill Broonzy, Juke Boy Bonner…) au blues rock des seventies (Rory Gallagher, Johnny Winter, Jimi Hendrix…), il étonne les spectateurs avec sa performance d’homme-orchestre talentueux.
La balade continue avec des scènes éparpillées dans différents lieux du site et de tailles très différentes : salle des machines, salle d’attente de la gare où encore la grande scène de la hall des trains.
Nous décidons de découvrir l’autre site du festival en empruntant le train de la mine qui nous fait traverser le décor surréaliste des anciennes galeries de mine. Le festival Luxembourgeois continue à nous étonner même si la forme du festival avec ses dix ou onze concerts simultanés nous fait ressentir une immense frustration.

Comment faire pour passer une bonne soirée sans plonger dans les affres des choix cornéliens à faire en permanence ?

Terminus du train près de la salle des pendus, là où les mineurs laissaient leurs vêtements accrochés au plafond avant de revêtir leur tenue de travailleurs. Sur la terrasse, un groupe du cru : The Kid Colling Cartel qui joue essentiellement ses propres compositions.
Nous décidons de nous laisser porter par le hasard et suivons une jolie Luxembourgeoise qui a soigneusement noté sur un papier son programme. Bonne pioche : elle nous entraîne sur le carreau de la mine où les Anglais de The Brew, groupe de blues-rock composé de Tim Smith (basse), Kurtis Smith (batterie) et Jason Barwick (guitare, chant) viennent de débuter. Avec ses accents psychédéliques et ses longues intro à la Pink Floyd, le groupe navigue dans une dimension particulière qui donne à son blues des accents pop seventies. Mais surtout, il y a Jason Barwick. à peine âgé de 20 ans, son jeu est époustouflant, d’une dextérité rare.
Sur le papier de notre sympathique guide, nous pointons Jimmie Vaughan, le frère aîné de Steve Ray. Vite, sauter dans une navette, repartir sur la gare du Fond-de Gras pour nous frayer un chemin vers la scène de la halle des trains. Sur la scène à côté d’une locomotive, Jimmie est parti dans un long riff avec la guitare dans le dos et un jeu à l’aveugle ! Le nombreux public apprécie le talent de celui qui a été influencé par les trois King : B.B. King, Albert King et surtout Freddie King.

N°3 : Krissy Mathews sur la grande scène

N°3 : Krissy Mathews sur la grande scène

La nuit se poursuit avec beaucoup d’autres concerts dont il n’est pas possible de tous rendre compte : le Blues Express, c’est une grande fête de la musique où à chaque coin de rue, les musiciens auraient décidé de ne jouer que…du blues ! Un éblouissement pour l’amateur, même si le temps passe vite, trop vite pour en apprécier toute la richesse. Une vraie découverte que ce superbe festival dans un pays que l’on penserait plus accro à des musiques moins rebelles. Il nous a permis de découvrir avec la dizaine de groupes luxembourgeois programmés, la «blues school » de Differdange et ses jeunes musiciens, et les milliers de spectateurs du festival que là aussi le Blues est une musique bien vivante !