Episode 02 : Skip The Use contre attaque
Un petit dodo et hop ! Une nouvelle journée qui démarre à la Citadelle d’Arras. La chaleur est cette après-midi sur le baromètre du « supportable », le soleil est présent et les festivaliers réintègrent petit à petit le nid, enfin le site, sur les sons de Warhola et de Bekar.
On profite du calme « apparent » et d’une foule encore divisée pour se balader dans les allées de la Citadelle avant l’heure de pointe. Dans les allées, une population très jeune, souvent locale se dessine et s’amuse. On trouve de nombreux spécimens de festivaliers aux style vestimentaires allant du chic au douteux. Du leggings galaxie pour les hommes aux leggings fluo’ pour les dames, en passant par des costumes de minions. Comme dirait une enseigne bien connu « venez comme vous êtes ! ». On a même pu croiser, non pas 1 mais 5 Charly ! Autant dire que sur cette journée, on ne comptait plus les « Eh j’ai trouvé Charly! ».
Outre les styles et les maquillages extravagants, il était important de bien s’hydrater pour ne pas finir sa soirée au stand de La Croix Rouge, dont on saluera le travail le long du week-end. Dans cette mission d’étanchage de soif, le Main Square a su nous satisfaire. Pour tous les goûts, eau, sodas, bières, cidres, chacun en avait pour son compte et selon sa bourse… enfin son Cashless. Vu le nombre de gobelets Martini aux poings, on ne doutera pas du succès du breuvage cet été et qui commence petit à petit à faire concurrence avec le Bar Passoah, toujours présent dans l’enceinte du festival et qui attire lui aussi toujours autant les foules.
Vêtement, Check ! Boisson, Check ! Étape 3, se nourrir !
Là aussi, difficile de ne pas trouver un repas qui ne conviendrait tant le nombre de stands de nourritures diverses et variées étaient disponibles sur le site. Nouveauté cette année, la présence de l’enseigne « Subway ». Rien de tel qu’un petit « Sub 15 » (ou Sub 30 pour les plus affamés) pour se remettre d’aplomb et ne pas oublier ses vieilles habitudes de lycéen. Sur les fortifications de la citadelle, les stands de restaurations ne manquaient pas non plus. On pouvait notamment retrouver des burgers 100% français, les Vegans n’étant pas oubliés dans le FoodGame. Si vous étiez lassé de voir des burgers partout, vous pouviez vous tourner vers la mythique « Friteries Momo » et profiter de la fameuse Fricadelle du Ch’nord ! Pour les plus téméraires et les plus patients, un stand de nourritures mexicaines rameutait les troupes aux périls des estomacs trop sensibles. Basses EDM Vs Sauce Chipotle = même combat ! Patients, car comme dans la quasi-totalité des festivals et bien que les nombre de stands nous ai semblé suffisant, c’est armé de patience qu’il faudra vous prendre si vous désirez manger entre 18h00 et 22h00. Le Peak Time en terme de restauration et qui signifie, « accepte de louper un concert ». Mieux vaut partir avec un petit planning pré-établi pour ne pas l’avoir dans les fondements.
Voilà on est habillé pour l’été, on a mangé, on a bien bu (avec modération), on a la peau du ventre bien tendu, sustentons alors nos oreilles encore vierges du jour.
Shame
Fascinante machine à riffs Post-Punk de la perfide Albion, Shame ce sont une bande de gamin nourris au biberon du Uk Rock et qui délivrent sur scène une énergie brillante. Présence scénique aérienne, guitares sonnantes et volantes et une indéniable classe, un truc inégalable et made in « nos voisins proches du Brexit ». Shame c’est comme Idles, Fontaines D.C. et la nouvelle révélation de 2019 de The Murder Capital (vous m’en direz du bien). Une petite capsule de dopamine à savourer en Live. Votre daron fan des Clash’ comme votre cousin porteur de patchs Nirvana sur son Eastpack y trouvera son compte et vous, venu pour Lomepal, serez sans doute surpris par la gouaille et les mélodies savamment cachées derrières les trombes sonores. Songs Of Praise et son interprétation Live aura réveillé les première âmes venues tôt ce samedi pour profiter des concerts. Elles ont eu raison, elles ont vécu un excellent concert !
Agar Agar
On avoue tout, on a fait le cornélien choix de faire la queue pour se sustenter et survivre à cette deuxième journée. On a vu Agar Agar de loin, voir plus du tout, jusqu’à ce le duo… devienne un agréable fonds sonore digestif. Les français avait dans l’ensemble l’air plus énergique que lors de leur dernière tournée dans les SMAC la saison précédente. Une fidèle retranscription sonore de palettes popisées issue des sessions studios mais qui ne nous à pas fidéliser au point de revenir de notre pause repas les voir sur le devant de la scène. Les mélodies au synthé’ n’ont malheureusement pas fait mouche et ont eu bien du mal à rivaliser avec le génie anglais et les guitares saturées. Une autre fois en salle peut-être ?
Skip The Use
Match à domicile pour Skip The Use, il n’était pas compliqué d’anticiper l’apparition des Nordistes sur leur terre cette année. Et même sur le site, le jour même, il suffisait de suivre la foule qui commençait lentement à s’amasser devant la Main Stage pour savoir que quelque chose d’important allait se passer. La seule présence du cameraman officiel affublé d’une combinaison et d’un casque d’airsoft, appareil au point aura suffi à lancer la foule en délire. Et c’est dès les premières notes, que les festivaliers ont définitivement montré le potentiel « Rock » et Pogo’ de la journée.De Nameless World jusqu’à Ghost c’est une sélection de hits qu’a choisi le groupe dans sa discographie pour ce concert unique ce samedi à Arras. Matt Bastard s’amuse et lance un « 1,2,3 soleil » géant en emmenant la foule à bâbord et à tribord de la place jusqu’au mal de mer, avant de stopper le navire pour embarquer avec lui sur scène un jeune homme. Sébastien, un festivalier présent et qui a visiblement perdu au 1,2,3 soleil aura cet honneur. Matt ira en personne le chercher au milieu de la foule pour l’emmener sur la scène et lui donner un gage. Un mal pour un bien puisque le jeune homme repartira en plus du souvenir avec un « Golden Ticket » la tournée du groupe. Looser Takes It All this time ! Un 3ème passage sanguin, généraux voir amoureux et sans doute le plus fou du lot pour Matt Bastard et le reliquat 2.0 des Skip The Use. Ce qu’il reste des ruines du groupes passé, c’est les piliers, et on peut dire que les fondations sont toujours solides !
Macklemore
Pas de Masego pour nous (non ce n’est pas un alcool !). On fait l’impasse pour se préparer au show « taille patron » de Macklemore. En place comme beaucoup, les Arrageois d’un soir (ou d’une vie) se massent devant la scène pour attendre et être aux premières loges pour voir de près l’américain aux textes forts et engagés. Déjà présent à Arras en 2016 avec son acolyte Ryan Lewis c’est en solo cette année que le Mack’ se présente, micro à la main et chemise zébrée. Seul, pas tout à fait puisqu’il sera bien évidemment accompagné de ses musiciens de tournée et d’excellents choristes qui se chargeront de lancer le show sur les chapeaux de roue avant même son entrée. Record de décibels atteint sur le weekend à son arrivée, sa seule présence aura suffi à faire exulter le public.
Après avoir interprété « Ain’t Gonna Die Tonight » et « Firebreather », il s’adresse à la foule (dans la langue de du pays des Aigles chauves) et notamment à certains festivaliers : « Aux concerts, il y a toujours quelqu’un déguisé en banane », « il y a même un bâton avec une licorne au bout ». Ses interventions ne manquent pas de faire rire la foule. A tel point que le « bâton licorne » brandit par quelqu’un du public va parvenir jusqu’à lui. Bâton qu’il brandira fièrement sur scène en entamant les chansons suivantes. Enorme titre à succès, « Thrift Shop » s’en suit. Parcourant la scène de long en large et enchainant les miles, Macklemore ne donnera à aucun moment l’impression à son audience d’un « show d’un soir ». Généreux, il ne manquera pas de sortir son smartphone pour immortaliser le moment avec son audience et célébrer la diversité au sein de ses chanson avec et à travers son public. « On ne parle pas la même langue mais la langue du cœur et de la musique est universelle ».
Le chanteur enchainera avec son titre « Same Love », soutenant le mariage pour les personnes de même sexe. Le show se poursuit mais ne se calme pas, car voilà que les premières notes de « Can’t Hold Us » retentissent. Les cris de la foule se font si forts qu’ils couvrent presque la musique. Le titre incontournable de Macklemore écrit en collaboration avec son compère Ryan Lewis déchaine la foule. Il va littéralement se faire porter par le public durant le morceau, étant au plus proche des festivaliers pour leur plus grand bonheur. Les effets pyrotechniques sont également au rendez-vous pour en mettre plein les yeux aux fêtards. Le rappeur et son staff vont rapidement quitter la scène en saluant brièvement le public pour finir en coulisse.
Mais tout le monde se doute bien que le show ne peut pas finir ainsi, pas comme ça, c’est Macklemore quand même ! Et l’on ne s’y trompe pas ! A peine quelques secondes de passées qu’il revient déjà sur scène afin d’interpréter « Good Old Days » et « Glorious » afin de terminer en apothéose. Ce n’est qu’une fois que ces deux morceaux passés qu’il quitte définitivement la scène du Main Square, au grand désespoir de tous les fans. « Un putain de claque » peut-on entendre de la bouche des festivaliers à côté de nous.C’est une certitude, Macklemore aura (encore) conquis le public du Main Square.
Lomepal
A peine le temps de se remettre du show de Macklemore que la température remonte en flèche. Antoine, le jeune rappeur de 27 ans que l’on ne présente déjà plus entraîne dès le démarrage de sa setlist la foule avec lui grâce aux tracks savamment ficelées de son dernier album intitulé « Jeannine » en hommage à sa grand-mère atteinte de schizophrénie. Scénographie reprenant sa dernière tournée, minus de la rampe mais avec le logo et une structure pyramidale très orienté Skate-Park.
Lomepal fan de Skate, de storytelling et à l’instar d’Angèle ou Eddy De Pretto, l’un des symboles de cette génération mettant des coups de pieds dans genres musicaux et ringardisant au passage la chanson française. Ce sont des milliers de festivaliers qui reprennent sans la moindre hésitation ses lyrics du début jusqu’à la fin. L’ambiance va monter crescendo et titiller les sommets lorsqu’il entame son morceau intitulé « Pommade ». Le rappeur va alors fendre la foule en leur demandant de faire un grand cercle en plein milieu. C’est l’heure du Mosh pit ! Une preuve supplémentaire s’il en est aujourd’hui que l’esprit « Rock » et « Live » a largement investi la scène rap française et n’est plus l’apanage de certains genres musicaux.
Jeunes comme adultes, tout le monde y va de sa poussette dans ce mouvement de foule amicale. En fin de concert, Antoine ne manquera pas de remercier le public D’Arras pour son accueil et qu’il n’est pas prêt dès les oublier avant de disparaître en BackStage. Mais les plus perspicaces auront noté une absence dans la setlist. Et alors que la foule commence à se disperser légèrement et que certains quittent la fosse, Lomepal revient d’un bloc sur scène afin d’interpréter ses deux derniers hits du moment : « 1000 degrés » et « Trop Beau ». Il fallait rester alerte les gars ! Rien de tel pour finir en beauté et charmer le public du festival, le feu tout simplement. On valide de A à Z, d’excellents intru’ une voix puissante et placée, des passages chantés largement maîtrisés. Lomepal excelle et transcende la sphère du Rap pour accrocher les étoiles à venir de la chanson française 2.0.
Martin Garrix
Main Stage, GrenRoom, Main Stage, GreenRoom again ! On enchaîne les allers-retours et les shows, nos pieds commencent à nous exprimer une certaine souffrance. Mais qu’importe, la dernière tête d’affiche du jour va mettre le feu à la citadelle dans un instant et brûler nos ampoules…enfin normalement….Car le suspens était encore de mise, après un petit accident Martin Garrix sera t-il bien sur la scène ce soir ? Fort heureusement, à quelques jours du show, le jeune prodige a repris sa tournée et a rassuré l’ensemble des festivaliers. Il est 23h30, les lumières se coupent, les cris de la foule se font entendre, derrière les platines, sur un large écran noir, un visage pixelisé apparait pour lancer le show.
C’est en attelle spécialement conçue qu’a débarqué le jeune néerlandais épaulé par un membre de son staff pour prendre place derrière les platines et libérer la foule du dernier doute. Dès l’introduction c’est une pluie d’effets pyrotechniques, de laser et une pléiades de light shows millimétrés qui vont parcourir le set du DJ Star. Après un bon quart-d’heure de folie, « v’là t’y pas » qui revient sur la Main Stage pour le featuring qui va bien ? Macklemore himself qui donne du rab’ sur le tout récent titre « Summer Days ». Grosse surprise pour beaucoup et intervention logique pour d’autres, il n’empêche que la Citadelle a tremblé. C’est une succession de hits phare comme « Animals », « Virus » ou le dernier en date « High On life » qui vont s’enchaîner et feront vriller les enceintes et les jambes des premières rangées.
Qu’importe les conseils du médecin, Martin a donné de sa personne et à pogoté comme tout le monde sur ses sons. Côté Pyrotechnie rien à envier à DJ Snake hier soir, l’impression de vivre un grand concours d’effets de scène et un set à la mesure de la renommée de Garrix. Le set se termine et le néerlandais salue son public et repart backstage illico. La foule se sépare en deux clans, ceux qui ont vu la bête et qui décident de filer vers la sortie, choix noble nonobstant. Et les « vrais », les survivalistes mélomanes qui profiteront d’une dernière prestation « Bonus » ce samedi soir sur la GreenRoom et de sons House à fendre l’air et nos petits cœurs. Cœurs rouges et pouces bleus à ceux qui sont restés voir Arnaud !
Arnaud Rebotini
Cheveux gominés, chemise bien repassée et moustache de Gaullois. Rebotini c’est une gueule, un physique et c’est surtout la face sombre, passionée et méconnu de la French touch’ qui entre enfin dans la lumière suite au succès de la B.O. de 120 Battements par Minute. Pas de prestation avec le Don Van Club ici, c’est en solo et en Live que le colosse est venu pour conquérir les cœurs du Nord. Loin des paillettes, des pyro’ et des avalanches de Drop’. Arnaud c’est l’électronica touchante, analogique et sincère qui coït avec un almanach de la House. Une suite épisodique de savoir-faire sous la forme d’un Mix, un savoir faire manuel et l’amour des synthétiseurs. Un set parfois longuet on l’accordera mais terriblement humain avec des hauts, des bas, comme des battements finalement. Un bel Ovni dans la programmation du jour et une jolie récompense pour les curieux venus perdre une oreille avant la sauvagerie qui prendra place sur la Main Stage. Constat à prendre, à défaut d’arriver à transcender les foules comme les stars de l’électronique actuelles, Rebotini à bel et bien sa place et son public dans les festivals éclectiques de l’été !
Tandis que les derniers festivaliers prennent une dernière pinte devant les sons du colosse, il est l’heure pour nous de se reposer les jambes et les oreilles avant d’entamer la passe de 3 et accueillir ce dimanche une autre belle pelleté d’artistes à la Citadelle et fêter dignement la fin de cette édition 2019 du Main Square Festival.
Un grand merci aux équipes du Main Square Festival
Crédit photos officielles : Nicko Guihal