#LiveReport : Gorillaz / Rockhal Luxembourg / 01.11.17

Premier jour de novembre 2017, premier show au Luxembourg pour Albarn et première date d’une tournée Européenne expresse avec pas moins de 20 shows sur le même mois, le spectacle de ce soir revêt à lui seul tous les critères techniques le classant illico dans la catégorie des immanquables.

Tantôt qualifié de de formation, de collectif ou groupe virtuel, Gorillaz est depuis presque 20 ans déjà, un ovni sonore dont le chef d’orchestre britannique et leader emblématique de Blur,  Damon Albarn  s’acoquine de genres musicaux de tous bords (voir s’opposants parfois) pour produire des albums toujours « tous publics »  et rafraîchissants. L’occasion était trop belle pour louper cette date exceptionnelle à la Rockhal, un petit périple de 200 bornes vers le Luxembourg qui en valait une fois de plus la chandelle.

Première partie : Little Simz (20h45)

(Crédit Photo : Claude Piscitelli)

Encore peu connue chez nous, Simbi Ajikawo est une jeune rappeuse britannique d’une vingtaine d’année ayant grandie dans la banlieue londonienne. Information géographique importante puisque celle-ci s’imprègne et infuse à foison dans son flow et ses lyrics cette appartenance locale . Simz n’hésite pas à mélanger harmonies vocales s’inspirant d’Estelle (avec qui elle a enregistrée des tracks) ainsi que des influences proches de Tinie Tempah avec un soupçon de Grime à la Wiley.

Avec un dernier album en date Stillness In Wonderland paru en 2016 et faisant aussi bien référence à Alice au Pays des Merveilles qu’à la capitale anglaise, sur scène elle est capable de délivrer un flow mitraillette et une énergie spontanée assez incroyable. Une arme nécessaire pour ce genre de show dans une salle à dimension de Zénith. En effet, après des premières minutes bien difficiles, elle arrive rapidement à se mettre cette audience si particulière dans la poche. Particulière, car si Gorillaz à la grande qualité première d’être un projet humaniste et transgenre en terme musical, il brasse dans son escarcelle tous types de publics. Aussi bien familial que du profane ou de l’averti scénique et pire ! Autant d’amateur de Hip-Hop comme du fan de Brit-Pop voir de Métal. une homogénéité inexistante donc dans la fosse qui est plaisante à voir mais qui peut être à double tranchant pour une première partie méconnue et typée musicalement. Little Simz dont la discographie et le style sont clairement orientée Hip-Hop apparaît de prime à bord comme une autre planète, bien sombre pour certains explorateur dans la galaxie Gorillaz.

Les curieux oublieront bien vite cette différence et comprendront rapidement que la jeune fille présente en featuring dans la dernière galette du disque et adoubée par Albarn ne doit pas sa présence au hasard. Elle partage avec aisance et plaisir la scène avec son DJ, se balançant de chaque côté de la scène avec une verve donnant la fausse impression d’être habituée à ce genre de salle. Une ADN musicale qui s’entremêle logiquement avec Humanz, la rampe de lancement fonctionne.

Côté setlist, la plupart des ces tubes clippés passeront sur le grill. Le classique Good For What en tête et la track plus sombre et envolée Dead Body qui convaincra définitivement les indécis. Hormis un passage à la guitare en deçà aussi bien techniquement qu’au niveau de l’intensité musicale qui a complètement cassé le rythme de cette première partie, Simz fut un choix judicieux et de circonstance.

Elle à réussi pendant une petite demi-heure, sans PBO ou écran géant, à faire plus que son travail de chauffage de masse mais bel et bien de se faire un petit nom parmi un public Luxembourgeois hétéroclite comme à son habitude et qui n’est pas réputé pour être le plus chaud du Benelux. Plus qu’un simple nom en featuring d’une chanson d’un groupe international, Little Simz va largement profité de la tournée européenne pour faire les titres et tourner quelques têtes en plus large en dehors de sa terre natale ou elle est déjà un petit phénomène. On risque fort de la revoir cet été avec le groupe comme en solo sur les festivals européens.

(Crédit Photo : Claude Piscitelli)

Gorillaz (21h00)

Alors posons les choses à plat tout de go et rappelons à qui veut (bien) l’entendre que nous sommes bel et bien sur la tournée Humanz. Le dernier album en date et entité musicale aussi attendue que critiquée à sa sortie à l’instar de la dernière mouture des Canadiens d’Arcade Fire qui auront eux aussi assuré une majorité de Sold-Out lors de leur dernière tournée, s’assurant un succès public toujours aussi massif.  Ainsi, la prestation du groupe va bien évidemment se concentrer sur l’interprétation des nouvelles compositions d’Albarn et de ses guests avec pas moins de 7 pistes qui composeront la Setlist du soir. 10 autres titres se partageant à égalité entre Demon Days et Plastic Beach et seulement 3 titres de l’album éponyme Gorillaz dont l’introduction M1 A1 et le titre de rappel immanquable Clint Eastwood bien évidemment.

Fan de la première heure, multi-récidiviste du groupe à la recherche de pépites lives ou déçus du dernier album, que les choses soient claires nous ne sommes donc pas ici dans un show « Best Of Gorillaz ». Existe t-il un intérêt à se déplacer donc pour ceux que je viens de citer ? Sans spoiler la suite, la réponse est un OUI en majuscule.  Gorillaz reste avant tout un groupe éphémère au sens technique et rare en live. Aussi parce que depuis des années les shows de Gorillaz sont des références en termes de travaux scénographiques et visuels. la tournée est  aussi l’occasion aussi de se refaire un avis sur les pistes de Humanz, un nouveau regard et de profiter d’un show XXL pour un tarif en billetterie de moins de 50 euros par tête de pipe, ce qui est à l’heure actuelle plus qu’honnête à la vue des tarifs pratiqués par les têtes d’affiches tournant dans ce genre de salle.

Parlons justement de la salle et de la scène d’ailleurs. La Rockhall accueille donc le groupe dans sa « Main Hall », son espace de concert le plus long mais aussi le plus large dans sa configuration 2018 ouverte au maximum, on avoisine les 7000 spectateurs. Le show est évidemment Sold-Out, c’est bondé mais la circulation reste acceptable. La salle est facilement accessible, elle n’est pas surchauffée et sa configuration avec une scène ouverte et répartie sur presque toute la largeur et sans aucun rideaux permets un angle de vision proche de la perfection et ceci même sur les côté.

(Crédit Photo : Claude Piscitelli)

La groupe live bénéficie de ce qui semble se faire de mieux à l’heure actuelle en terme de vidéoprojection. Adios les leds et les écrans géants Plasma ou LCD. Le show est intégralement filmé live par plusieurs caméras qui projettent la prestation des musiciens sur deux toiles géantes sur les côtés tandis qu’un gargantuesque écran faisant la taille de la scène projette quand à lui les animations de Jamie Hewlett, à savoir les alias numériques du groupe comportant des séquences parfaitement alignés sur le jeux des musiciens sur scènes. Selon les morceaux ce sera aussi l’occasion de revoir certains anciens clips du groupe. Enfin sous la forme d’hologrammes à l’écran les personnalités apparues en featuring sur le dernier album du groupe mais qui ne sont pas là ce soir seront visibles aussi. Ce sera notamment le cas lors des passages vocales de Jenny Beth sur We Got The Power ou de Popcaan sur Saturn Barz.

Côté son et sur scène, ils sont environ une dizaine à graviter autour du timonier Albarn. Lui oscillera entre micro chant, guitare, clavier et même mélodica. Un peu de basse, de guitare, quelques percussionnistes et une puissante section de choristes parsemé de guests et « voilà ». Un mini orchestre de science fiction tout sauf fictif. Côté son la balance est respectable pour une salle de cette capacité, quelques basses tremblantes se faisant sentir cependant notamment vers le centre de la salle mais rien qui ne porte préjudice au spectacle. Tout comme la vidéo, le son sur le côté est parfaitement réglée et n’abonnera aucun spectateurs. Pour un premier show européen, le rodage est étonnement déjà bon. Albarn est en forme et ses musiciens aussi, en véritable showman sa voix est emprunt d’un ronflement mélodique qui le caractérise, typique Blur mais arrivant à trouver des nuances entre chaque morceau. Lui et ces musiciens dégagent une belle projection et semble vraiment apprécier de jouer live les nouveaux morceaux. Albarn n’hésitant pas à rappeler à tous qu’il est bel et bien le timonier de ce sous marin nucléaire et qu’aucunes eaux ne lui font peur. Une prestation vocale aisée, british à souhait, qui fait aussi bien honneur à son histoire avec la Brit-pop qu’avec son lien avec son personnage fictif et leader à l’écran du groupe, 2D.

Après un démarrage soudain à l’heure pétante de 21h sous les échos Pink Floydien de M1A1 c’est un début à la Telecaster en version Rock que nous offre le groupe avec Last living Souls. Enchainement avec le premier guest visuel sur Saturn Barz, les compositions sont maîtrisées et ne posent pas problème au groupe. Moment de grâce et de non nonchalance sur Rhinestone Eyes, téléphones et briquets de sorties sur On Melancholy Hill et petit moment de détente pour ne pas dire d’ennui pour certains sur le passage de Some kind Of Nature. Effet calculé, le groupe reprends rapidement la main et enchaîne sur les morceaux du dernier album. Je reste forcé d’admettre que les nouveaux morceaux paraissent bien plus savoureux sur scène, le public ne s’y trompe pas et l’ambiance electro-disco alimentée par le décor fait une fois de plus mouche.

Succession de feux au 3/4 du set des titres Sex Murder Party interprété entièrement en live et Garage Palace, le titre inédit dont le clip est apparu la veille du show. Deux tracks qui vont sans doute tourner quelques têtes. Sublimés et rallongés, ces titres remportent les suffrages du public. Le featuring avec Little Simz revenue pour l’occasion est une pépite 8bit pour la rétine, servant autant de tremplin à nouveau pour la suite du show que pour la diffusion de cette nouvelle piste dans les charts. On est dans le plan marketing rondement mené là.  Le clip diffusé en arrière plan vient appuyer la prestation de feux de la jeune anglaise qui reviendra encore plus tard sur scène pour achever sa soirée en beauté.

(Crédit Photo : Claude Piscitelli)

Au bout du conte, un show à l’américaine mais un braquage sonore à l’anglaise. Un set d’une durée classique avoisinant l’heure et demie et coupée habilement par l’intemporelle pause avant le rappel qui vient séparer les trois derniers tubes du groupe à savoir, Stylo, Feel Good Inc et bien évidemment le final sur Clint Eastwood. Climax cérémoniel ou même les serveurs du bar s’accorderont de brefs moments d’absence pour admirer le spectacle. Une setlist rondement menée qui mets en avant les nouveaux morceaux, sorte de tête de gondole dorée et qui n’oublie pas ses classiques, pas de pépites à l’horizon donc et d’hommage au passée mais place à l’actualité et à Humanz. On pourrait reprocher à Gorillaz de ne pas adapter complètement sa setlist et d’avoir parfois choisi la solution « de facilité » finalement en jouant par dessus les voix en playback des différents guests absents, mais c’est un détail. Nous n’avons pas vu le temps passé devant ce Blockbuster qui a brillé sans nous faire cligner des yeux. Gorillaz vaut toujours autant le déplacement.

La setlist :

  1. Interlude: Elevator Going Up
  2. Interlude: Penthouse
  3. (with Jamie Principle) (and Zebra Katz)

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  4. (with Pos)
  5. (with De La Soul)
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