#FlashReport : Rise Against/Rockhal/10.11.17

Rise Against nous nous rencontrons à nouveau.

Groupe américain de Punk Rock formé juste avant le non bug de l’an 2000 et composé d’un frontman sus-nommé Tim McIlrath avec Joe Principe à la basse, Brandon Barnes derrière les futs et enfin Zach Blair la guitare soliste.  Le quatuor est l’auteur de pas moins de 7 albums studios pour presque vingts années d’existences avec un décollage médiatique après 2004 suite à la parution du tube Prayer of the Refugee (qui reste néanmoins moins streamé que Prayer leur plus gros tube sur la longueur) et ses canaux de diffusions télévisuels et sur différents jeux-vidéos de l’époque.

https://www.youtube.com/watch?v=x0VYzRLHPjY

Rise Against donne tout de suite le ton et l’opinion avec son intitulé scénique à l’instar d’un Rage Against The Machine et outre la teneur socialiste voir tout simplement humaniste des thématiques musicales produites, n’hésite pas à communiquer sur un certains style de vie, façon Straight-Edge, un style assez peu pratiqué dans notre contrée et qui voue les membres du groupes à embrasser la cause animale en se déclarant végétarien et écolo mais aussi en prohibant toute consommation d’alcool ou quelconque drogues. Alors sur le papier on est très loin de l’adage « Sex, drogues et Rock’&’Roll » mais cette marque de fabrique qui fait encore de nombreux adeptes en Amérique du Nord mais aussi dans nos pays voisins germaniques n’est pourtant pas une excuse de façade pour distiller un Punk aseptisé. Rise Against n’est pas un simple groupe de NY Hardcore de bisounours de l’Illinois. Si les thématiques font largement échos à l’actualité, la politique et les relations humaines, les lyrics ne se dirigent pas forcément dans un mouvement positiviste, souvent bien sombres, pessimistes, comme une mise en garde. Et c’est ce côté « influenceur » et engagé qui apporte un caché unique à ce groupe qui engendre comme peut le faire Gojira dans une autre mesure, l’adhésion d’une certaine audience, en plus du son, d’un discours qui fait sens.

Soyons direct, je ne cours pas après le quatuor de Chicago. Mon attachement à ce groupe pourtant noblement engagé politiquement, tiens à la vision de ce groupe anecdotique de mon adolescence et qui navigue dans la fameuse deuxième âge d’or d’MTV et des jeux de skateboards. Après un premier show en Suisse quelques années ou le groupe avait clairement souffert de la comparaison avec les excellent Refused en première partie et tout juste revenu d’un « Hiatus » de longue durée. J’étais donc sceptique sur la venue du groupe et de leur potentiel pour remplir la grande salle de la Rockhal. Forcé de constater qu’après leur premier show en Suisse à Winterthur, ces diables d’anti-trump m’ont encore fait mentir. Et ce n’est donc plus dans la Box mais la Mainhall presque comble que se tiendra le show de ce soir.

Ayant un peu le statut d’accompagnateur ce soir (mais si vous avez bien, ce genre de concert ou vous êtes réticent de prime à bord et ou votre pote insistant vous promets de prendre le volant et de vous payer la montagne de bière, un effort qui en vaut la chandelle donc) je reste toujours surpris du nombre de fan du groupe au Benelux comme en Allemagne. Encore une fois comme expliqué plus en amont, le groupe bénéficie d’un fan base des plus solides et mobiles.

Voilà il est 22h00 , on s’invite gentiment sur le devant gauche de la scène à quelques mètres du plateau pour admirer le démarrage du show. Ambiance pré-apocalyptique va t-en guerre sous une trombe de lumières rouges inquiétantes et de bruits de sirènes tandis que les deux écrans LCD répartis sur chaque côté de la scène entourent le batteur. Les écrans projettent une animation de circonstance, alertant sur une guerre à venir. Un visuel scénique et un scénario d’introduction désormais habituel, la marque de fabrique d’un groupe, prêt à démarrer en trombe comme un Enola Gay Straight-Edgien. Introduction martiale à la batterie sous le rythme de Chamber the Cartridge de l’un des albums phares du groupe, Sufferer & The Witness. Tim apparaît alors rage au poing, verve anti-républicaine et pousse rapidement son audience déjà conquise à se soulever tout en criant « Rise » avant de démarrer sa partie vocale.

Ready To Fall du même album suivra avec réussite contrastée, entre des screamings  puissants mais un refrain tout en souffle, Tim serre les dents sur le refrain comme Christine Boutin serre les fesses devant d’autres gugusses que son cousin. Le tout frais The Violence semble déjà être intégré par une foule subjective mais passionnée. Le single sonne efficacement mais encore une fois Tim déçoit un peu par son asmathisme discret mais audible. La chanson se finie et celui-ci s’adresse pour la première fois de la soirée à son public, les remerciants pour l’accueil. Cette vieille rengaine de comparer le lieu du show à sa maison « it feels likes home », nous y avons eu droit. Mais honnêtement, vu la chaleur humaine et le nombre de fans ce soir le groupe joue à des milliers de bornes des U.S.A. mais bel et bien à domicile, donc ok c’est un peu mielleux mais on ne pouvait y échapper.

Transition ironique avec le titre I Don’t Want You Anymore, voilà Tim ce papillon de première ne veut déjà plus de nous ! Salaud de Vegan me suis-je dit un moment ! Etait-ce là une moquerie, un troll de Set-List ou le pure hasard ? Misons sur la dernière éventualité et apprécions cette piste bien mieux maitrisée au chant que les deux dernières. Enchainement avec The Knife, un choix étrange tant le morceau est assez anecdotique dans la discographie du groupe mais encore une fois celui-ci résonne diablement juste. Et là c’est au tour de Endgame d’apparaître, si l’album se fait discret sur scène comme dans les charts, le public encore une fois montre son véritable support sonore en vociférant le refrain en choeur. Une ambiance dans la fosse bien moins timorée que ce qu’on peut voir d’habitude à la Rockhal. Le public se soulèvera en grande partie sur les encouragements de Tim lors de la prestation de Collapse puis de House Of Fire, l’autre single du nouvel album.

Fin du triangle des bermudes illinois avec le Hit, la chanson la plus connue du groupe à ce jour à l’international. Prayer Of The Refugee ou valsera quelques bières dans le ciel humide et chaud de cette salle bondée ou de jeunes à mèches et pull du Rock Am Ring se donne à coeur joie pour entrechoquer leur torse moite et se cogner dans l’amour et la tendresse. Climax de mi-set, on fait retomber la pression et on essaye de faire sécher les t-shirts trempés de sueurs, place à la traditionnelle partir acoustique du show. Un mini concert dans le concert ou Tim, seul sur scène interprètera d’une manière plus intimiste voir sensuelle, le tube radiophonique Swing Life Away avec quelques fausses notes perceptibles à la guitare mais avec le sourire. On pourra entendre par la suite People Life et Hero Of War qui clôtureront cet aparté franchement pas désagréable et assez frais pour diversifier ce set Punk mais rond.

Tim est alors rejoint par chacun de ses musiciens lors d’une transition entre la fin de la track et Help Is On The Way, le son montant en distorsion et en amplitude empêchant ainsi une séquence briquet, enfin nous sommes en 2017, je veux dire une séquence flash sur iPhone pour du Rock solide, comme un Rock (oui j’ai cité Nadia et personne ne le verra) et entamer le dernier tiers du concert. Bonne surprise avec la pioche The First Drop, un morceau de Siren Song Of The Counter Culture qui ravira l’audience. En effet ce titre était assez boudé de leurs playlists jusqu’à présent paraît-il. S’en suivra le dynamique et percutant Survive pour rester dans l’ambiance. Et là patatra, la pause discours solennel de Tim, instant de tribune Social Justice Warrior cher au groupe et qui les honorent mais qui à toujours eu l’art de drôlement casser le rythme du show. Tim nous parle de son manque de confiance en soi, des phases de doutes qu’il à pu avoir lui même ou avec le groupe… On soupçonnerait presque dans ses propos une tentative avortée de split l’année passée. Etrange, Etrange.

Mais bref, pas le temps d’écrire un discours pour l’ONU (des fois on était pas loin…). On passe à Wolves le morceau d’ouverture du nouvel album éponyme, une excellente chanson dont on ne comprends toujours pas pourquoi elle ne sert pas de track d’intro. Tim en profite pour remercier encore la foule venu nombreuse une fois de plus pour voir ce groupe si loin de chez lui.  Le groupe poursuit son petit bout de chemin pavé d’ors au Luxembourg avec Give It All encore une fois largement repris par l’audience, Tim profitant alors de son public en mode les choristes de l’armée rouge pour descendre dans la crash et serrer quelques paluches humides de jeunes fougueux du premier rang. Cétait l’une des pistes que j’attendais le plus et surtout l’une des rares que je connaissent plutôt bien, un vrai bon moment dans ce concert!  Spot Out, pause, c’est déjà l’heure du rappel qui se composera de Audience Of One puis un final sur Savior. Une duette issue de Appeal To Reason qui n’aura pas eu l’effet d’un Climax 1.2 mais qui clôturera efficacement le set puissant mais normé du groupe en terre connu.Si on fait le récapitulatif en mode professeur des écoles. Le groupe nous à proposé ce soir là 20 chansons pour un Set d’une bonne heure et demi. On donc est dans une durée de concert appréciable et sans réels surplus ou moments d’ennuis réels mais dans la norme pour un groupe du catalogue Punk. Parmi ces 20 tracks, 5 chansons sont issues de l’album The Suffer & The Witness, 4 pour Appeal To Reason, 3 pour Siren Song of The Counter Culture mais aussi Wolves. Oui oui, une tournée qui ne reprends que 3 chansons du dernier album paru. C’est assez rare pour le souligner et au final assez couillu. Enfin respectivement 2 chansons chacun pour Endgame et The Black Market. Un set équilibré au final et qui retrace les presque deux décennies d’existences du groupe qui ne fait décidément pas son âge.

Dans l’analyse globale du son et de la prestation.  Lors de notre première rencontre en Suisse, Tim était blessé et ne pouvait alors pas jouer de la guitare. Se concentrant uniquement sur les parties chant, il était alors audible et plus clair. Ici affublé d’une guitare, j’ai eu bien souvent du mal à capter sa voix, perdue dans le mix et largement surpassée par la saturation de la guitare de son camarade. Pire, Tim a fortement tendance à mâcher ses mots. Pourtant, le frontman est impeccable lors de nombreux refrains et surtout lors des parties acoustiques. Alors non ce n’est pas ici le travail qui manque, mais il est encore honorable d’admettre qu’il galère sur certains passage à allier chant et accords. Mais bon on reste dans le registre punk, ne soyons pas si regardant là dessus. Peut-on au même titre reprocher à Dave Mustaine de cracher sa glaire d’une manière peu délicate lors de Holy Wars ? Oui bon ok Megadeth on est techniquement dans une stratosphère différente, mais soit. Le son au final n’était pas mauvais, ni bon juste moins agressif que ce que j’attendais. Au final je n’ai pas passé un mauvais moment et j’ai su apprécier certains passage et si je reste dubitatif sur qualité de la prestation live du groupe. Celui-ci m’aura cependant redonner envie de me replonger dans leur discographie et notamment les premiers albums.

Mon bon camarade de forune, Jonathan (et Big-Up à lui qui pour l’encyclopédie humaine qu’il fut sur le groupe) fan du groupe de la première heure et ayant suivi son évolution à un regard légèrement différent du mien qui mérite la mention. Ayant trouvé le concert bon dans son ensemble avec le même regard pointilleux sur certaines parties chanté de Tim. Il a trouvé le mix pour ce style de musique était efficacement voir bon mais à lui aussi vu mieux dans le genre. La basse était présente, la batterie correctement équilibrée mais c’était surtout la guitare Lead qui a empiété sur le reste des instruments, ça peut plaire mais l’équilibre n’y était pas. Petit bémol sur le lightshow assez basique en comparatif à ce qu’on a vu récemment à la Rockhal et même pour le groupe lui même qui nous avait laissé un souvenir plus « dynamique » lors de son passage en vers Zurich il y’a quelques années. Frustration ultime pour mon comparse avec l’absence de tracks issues de l’album Revolution Per Minute…son préféré. Choqué et déçu mais comme un gamin devant ce groupe généreux.

Pour finir, je dirais que la force de ce concert réside pourtant bel et bien dans l’écho de la musique produite par les musiciens sur le public. Totalement différent de celui que  l’on à pu rencontrer la semaine passée lors du show de Gorillaz et bien plus familial d’apparence. Ici le public est jeune, assez germanique et surtout fan, mais composant lui aussi en soit… une famille. (Insérer une musique avec des cordes jouant sur une gamme mineure). Le dynamisme et la fosse reprenant en coeur la plupart des refrains marmonnés par Tim tendent à compenser largement sa prestation vocale. Une bouée de sauvetage, et la vague du succès d’un concert comme celui-ci.

La Setlist du soir : 

  1. Intro
  2. Chamber the Cartridge
  3. Ready to Fall
  4. The Violence
  5.  I Don’t Want to Be Here Anymore
  6. Under the Knife
  7.  Satellite
  8. Collapse (Post-Amerika)
  9. House on Fire
  10.  Prayer of the Refugee
  11. Swing Life Away
  12. People Live Here
  13. Hero of War
  14. Help Is on the Way
  15.  The First Drop
  16.  Survive
  17. Wolves
  18. Give It All 

    Rappel:

  19. Audience of One
  20. Savior